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La vie des personnages n'est pas racontée de façon linéaire mais épisodique à travers leurs réflexions, qui s'apparentent à des monologues internes. Je me suis beaucoup perdue dans les méandres de leurs pensées, ne sachant pas toujours dans la tête de qui j'étais - même si cela s'avère être finalement un propos du livre de brouiller les frontières mentales entre les six amis. Bien que déstabilisante, j'ai tout de même trouvé l'écriture très douce et poétique et beaucoup de passages ont fait écho en moi.

J'ai aimé le style d'écriture, très fluide, qui en dévoile suffisamment sur les personnages pour qu'on s'y attache, mais ne s'étend jamais au point de nous perdre dans des détails inutiles. J'ai aimé me promener dans ce Paris littéraire, à travers le métier de Laurent, la bibliothèque de Laure et la rencontre avec Modiano. J'ai aimé l'évocation de la "nostalgie du possible", ce sentiment teinté du regret de tout ces "et si ?" certaines choses espérées s'étaient produites. J'ai aimé les listes de Laure, qui m'ont donné envie d'investir dans un carnet rouge pour y noter les choses que j'aime, que je n'aime pas et celles qui me font peur.

Admiratrice de l'art de Gustav Klimt, j'étais très emballée par ce roman dédié à l'histoire mystérieuse et mouvementée d'une de ses œuvres, mais n'ai malheureusement pas été charmée. Le tableau, bien que fil conducteur, s'avère très secondaire face à une histoire de famille qui se développe au premier plan. Malgré des allers-retours dans le temps et des intrigues qui m'ont évoqués le style de Kate Morton, j'ai trouvé cette fresque familiale finalement assez convenue et ses personnages très clichés. Dommage car l'idée d'imaginer l'origine de ce tableau était très prometteuse.

L'écriture m'a semblée assez froide, distante et détachée des personnages et de l'univers dont il m'a été difficile de m'imprégner - j'ai pourtant vu l'adaptation cinématographique de Ridley Scott. Dommage car les réflexions amenées sont intéressantes mais trop superficiellement développées. J'aurais pensé ressortir de ma lecture perturbée, la tête pleine de questionnements, mais rien ne m'a profondément marquée ou interrogée.

La richesse de "Dune" réside dans ses thématiques. Frank Herbert continue de nous immerger dans cet univers de science fiction en distillant des vérités et des réflexions qui sont, encore aujourd'hui, très actuelles. Le pouvoir et son exercice, les conflits qu'ils peuvent engendrer. La religion, le messianisme, les croyances, les prophéties et leurs répercussions sociétales. L'écologie, à travers la ressource de l'épice, toujours plus rare et convoitée. La science, qui se voit limitée à cause de ses dérives. Les évolutions, que ce soit celle de l'espèce, de l'esprit ou de l'environnement, qui ne sont pas toujours des améliorations et nécessitent des retours en arrière ou d'autres mutations. Cette saga est toujours aussi intéressante et fascinante.

Mickaël Brun-Arnaud a le talent d'aborder des sujets sensibles avec la plus grande des tendresses. Si ce troisième tome m'a un peu moins émue que ses prédécesseurs, je n'en étais pas moins enchantée de retrouver tous ces petits animaux attachants et de suivre leurs aventures. Il y a quelque chose de réconfortant à retourner à Bellécorce et à voyager dans cet univers à chaque lecture. Les illustrations de Sanoe sont toujours aussi délicieuses qu'une bonne tarte aux amaudes.