Mort d'un étranger

Ah ! Voici le treizième volume des aventures mirobolantes de William Monk. Jusqu’à présent je n’avais pas été déçue par la série, chaque intrigue étant plus surprenante que la précédente. Et là, cher lecteur et -trice, tu te dis qu’il va bien falloir qu’Anne Perry se vautre à un moment donné, que sur tant de de volumes, elle fasse un faux pas, ait un coup de mou, une grosse flemme, un moment d’absence, un AVC ou que sais-je ? Et moi je te réponds qu’effectivement, ce volume présente une intrigue de prime abord un peu rebutante, puisqu’il y est question de fraudes, de malversations financières, de pots de vin, de banques et de chemins de fer. Ce dernier point reste toutefois assez intéressant puisque nous sommes tout de même à un moment important de l’Histoire avec le développement du train. Ce n’est pas rien. Tchouf tchouf ! En dehors de ça, nous avons Hester qui s’occupe d’un dispensaire pour prostituées battues et malades, Monk qui est sollicité par une jeune fiancée pour enquêter sur les affaires de son promis, et un gentleman assassiné dans un lupanar. Bon, ça commence pas mal, mais franchement l’univers impitoyable des banques, des fraudes et autres vilainies financières, dans les tréfonds de moi, ça ne m’interpelle pas.

Toutefois j’ai passé outre les quelques longueurs, car tout de même les personnages restent passionnants, d’autant plus que l’on sent bien que malgré l’aspect rédhibitoire de l’affaire se cachent bien des révélations, directement liées au passé de Monk. Et effectivement, Anne Perry fait preuve d’un génie que je qualifierai désormais de sans limite, car elle réussit à tisser une triple intrigue tournant autour de la jeunesse de Monk. Très lentement mais encore plus sûrement, Monk outrepasse son angoisse et sa peur de ce qu’il pourrait découvrir sur son passé et va au bout de ses recherches. Tout s’imbrique avec une efficacité confondante, nous arrivons au procès tout aussi démunis que Monk et Hester, jusqu’aux explications ultimes. Merci Rathbone ! Malgré ce schéma habituel chez Anne Perry, on ne s’en lasse pas ! Ici, la tension de la seconde moitié du roman contraste fortement avec l’ennui (relatif) de la première partie, ce qui rend le final d’autant plus percutant.

Je suis peut-être une très bonne cliente, plus du tout objective et franchement in love de Monk mais pour moi donc, l’intérêt de la série ne faiblit pas avec ce treizième volume, car en plus l’auteur nous joue un drôle de tour en nous révélant autant de choses sur Monk, dans un contexte pas spécialement glamorous. C’est beau, c’est fort, c’est Monk.