Imaginez une Terre poncée, avec en son centre une bande de cinq mille kilomètres de large et sur ses franges un miroir de glace à peine rayable, inhabité. Imaginez qu’un vent féroce en rince la surface. Que les villages qui s’y sont accrochés, avec leurs maisons en goutte d’eau, les chars à voile qui la strient, les airpailleurs debout en plein flot, tous résistent. Imaginez qu’en Extrême-Aval ait été formé un bloc d’élite d’une vingtaine d’enfants aptes à remonter au cran, rafale en gueule, leur vie durant, le vent jusqu’à sa source, à ce jour jamais atteinte : l’Extrême-Amont.
Mon nom est Sov Strochnis, scribe. Mon nom est Caracole le troubadour et Oroshi Melicerte, aéromaître. Je m’appelle aussi Golgoth, traceur de la Horde, Arval l’éclaireur et parfois même Larco lorsque je braconne l’azur à la cage volante. Ensemble, nous formons la Horde du Contrevent. Il en a existé trente-trois en …
Imaginez une Terre poncée, avec en son centre une bande de cinq mille kilomètres de large et sur ses franges un miroir de glace à peine rayable, inhabité. Imaginez qu’un vent féroce en rince la surface. Que les villages qui s’y sont accrochés, avec leurs maisons en goutte d’eau, les chars à voile qui la strient, les airpailleurs debout en plein flot, tous résistent. Imaginez qu’en Extrême-Aval ait été formé un bloc d’élite d’une vingtaine d’enfants aptes à remonter au cran, rafale en gueule, leur vie durant, le vent jusqu’à sa source, à ce jour jamais atteinte : l’Extrême-Amont.
Mon nom est Sov Strochnis, scribe. Mon nom est Caracole le troubadour et Oroshi Melicerte, aéromaître. Je m’appelle aussi Golgoth, traceur de la Horde, Arval l’éclaireur et parfois même Larco lorsque je braconne l’azur à la cage volante. Ensemble, nous formons la Horde du Contrevent. Il en a existé trente-trois en huit siècles, toutes infructueuses. Je vous parle au nom de la trente-quatrième : sans doute l’ultime.
Ce livre est excellent. La charactérisation des personages et leur dialogue interne est unique et le monde dans lequel ils évoluent est complexe et bien imagé. Chaque paragraphe suit un membre différent de la horde, avec une symbolisation élégante pour accompagner le lecteur dans ces changements de point de vue sur le personage principal; le vent. Je le recommande fortement.
Je me souviens encore d'avoir refermé ce livre, hébété, sans pouvoir me concentrer pendant plus de vingt minutes. Vingt longues minutes. Une page qui se tourne en soi. La Horde du Contrevent t'agrippe et t'engouffre dans sa quête de connaissance et impossible quête de sens. Il déroule l'histoire d'une expédition aux confins du monde, à la recherche d'un savoir que plus personne ne recherche. Une mission à la fois vitale et inutile.
« Vis chaque instant comme si c'était le dernier. »
Ému et secoué, je le remis à sa place et retirai, vibrant, le second de sa paroi. À l'écriture, c'était à l'évidence le même auteur.
« Vis chaque instant comme si c'était le premier. »
Je posai le bloc et l'émotion me monta aux yeux. Ces deux phrases avaient une telle puissance, une telle extension vitale que j'en demeurai absolument ébloui, fauché sur pied, laissant les spires de …
Je me souviens encore d'avoir refermé ce livre, hébété, sans pouvoir me concentrer pendant plus de vingt minutes. Vingt longues minutes. Une page qui se tourne en soi. La Horde du Contrevent t'agrippe et t'engouffre dans sa quête de connaissance et impossible quête de sens. Il déroule l'histoire d'une expédition aux confins du monde, à la recherche d'un savoir que plus personne ne recherche. Une mission à la fois vitale et inutile.
« Vis chaque instant comme si c'était le dernier. »
Ému et secoué, je le remis à sa place et retirai, vibrant, le second de sa paroi. À l'écriture, c'était à l'évidence le même auteur.
« Vis chaque instant comme si c'était le premier. »
Je posai le bloc et l'émotion me monta aux yeux. Ces deux phrases avaient une telle puissance, une telle extension vitale que j'en demeurai absolument ébloui, fauché sur pied, laissant les spires de cette pensée s'enfoncer dans ma chair et y creuser des ouvertures profondes qui s'aéraient déjà, déjà se laissaient traverser par le pollen de ces mots de passe.
Alain Damasio a la plume ciselée et se joue des mots, littéralement. Par delà les joutes verbales et concours de poésie qui égayent les pages, on retrouve en filigrane un passionnant travail linguistique centré – comme dans nombreuses de ses œuvres – sur la force chaotique du vent. Les personnages et leur énergie vitale, le Vif, l'environnement désertique impitoyable, balayé par des ouragans, mais aussi la technique, la science et l'écriture, tout se confond et s'unit. Un magnifique travail que réalise ici Alain Damasio.
On retrouve enfin dans ce livre l'engagement politique de l'auteur qui poursuit la réflexion plus révoltée de la Zone du Dehors. Comment résister à ces sociétés consommatrices et consuméristes ? La Horde du Contrevent y répond par un questionnement sur l'humain et le sens de nos vies, balancées ou motrices, repliées ou liées. Sa lecture appelle en nous cet élan vital et nous interpelle. Pourquoi ? Quand ? Maintenant !