Cette volonté de faire de la mise au rebut un véritable stimulant pour la croissance économique est à associer à la création artificielle d'une insatisfaction permanente des acheteurs. McCoy, vice-président de DuPont, affirme quelques jours seulement après la fin de la Seconde Guerre mondiale qu'une « personne satisfaite est une personne stagnante ». Constatant que le bien-être psychologique résulte en grande partie de l'accumulation de biens matériels, il en conclut qu'il y a danger pour les industries de production et pour le développement des économies de croissance si les besoins matériels sont tous satisfaits. Il faut donc veiller « à ce que les Américains ne soient jamais satisfaits ». Avec l'avènement du « prêt-à-jeter », l'insatisfaction n'est même plus une condition pour le renouvellement du bien : l'objet produit est destiné à être mis au rebut.
— Homo detritus : Critique de la société du déchet by Baptiste Monsaingeon (Page 145)