Crapounifon reviewed L'effondrement by Hans Erich Nossack
Bombardement politico-militaire
Ce témoignage raconte le bombardement de Hambourg, à l'été 1943. Cet événement sera déterminant dans le choix de l'auteur de devenir écrivain. Le bombardement dura neuf jours et avec 2 700 avions américains et britanniques qui larguèrent 9 000 tonnes de bombes, dont des bombes incendiaires. Des habitants mourront cuits dans les abris anti-aériens par la chaleur dégagée. 45 000 morts, 80 000 blessés, 1 million de sans-abris. Le cynisme se joint à la bigoterie des impérialistes qui baptisèrent l'«opération» Gomorrhe. L'objectif affiché était de détruire le port et les capacités militaires. Ce fût la ville rasée, l'auteur raconte que, commerçant import export, c'est là qu'il a pu récupérer des affaires car la zone était relativement épargnée. Dresde subira le même sort en 1945. Ville dont l'intérêt militaire était nul. L'auteur raconte que ses habitants ne songeaient pas être bombardé un jour. Le gouvernement nazi y avait d'ailleurs installé plusieurs …
Ce témoignage raconte le bombardement de Hambourg, à l'été 1943. Cet événement sera déterminant dans le choix de l'auteur de devenir écrivain. Le bombardement dura neuf jours et avec 2 700 avions américains et britanniques qui larguèrent 9 000 tonnes de bombes, dont des bombes incendiaires. Des habitants mourront cuits dans les abris anti-aériens par la chaleur dégagée. 45 000 morts, 80 000 blessés, 1 million de sans-abris. Le cynisme se joint à la bigoterie des impérialistes qui baptisèrent l'«opération» Gomorrhe. L'objectif affiché était de détruire le port et les capacités militaires. Ce fût la ville rasée, l'auteur raconte que, commerçant import export, c'est là qu'il a pu récupérer des affaires car la zone était relativement épargnée. Dresde subira le même sort en 1945. Ville dont l'intérêt militaire était nul. L'auteur raconte que ses habitants ne songeaient pas être bombardé un jour. Le gouvernement nazi y avait d'ailleurs installé plusieurs hôpitaux. Nossack était dans une maison de campagne prêtée lorsque cela commença. «C'était le bruit de mille huit cent avions qui, venant du sud, à des hauteurs inimaginables, volaient vers Hambourg. Nous avions déjà vécu deux cents attaques ou plus, dont de très sévères, mais celle-ci était quelque chose de tout à fait nouveau. Et pourtant, on le sut tout de suite : c'était ce que chacun avait attendu, ce qui telle une ombre planait depuis des mois au-dessus de tous nos actes et qui nous épuisait - c'était la fin.» L'auteur raconte avec sensibilité l'effroi, l'anéantissement matériel, physique et psychologique avec ses sentiments et l'état d'esprit des rescapés dans les semaines suivant le bombardement. L'arrivée après la dévastation avec le vain espoir de retrouver quelqu'un ou quelque chose. p.25 : «Un temps sans masques commença ; les déguisements habituels tombèrent d'eux-mêmes [...]. Avidité et peur se montrèrent dans leur nudité éhontée et supplantèrent tout sentiment plus délicat. Nous avons tous dû reconnaître, au cours de ces semaines, que les poids dont nous nous étions jusque-là servis pour peser n'étaient plus justes. Les plus proches ou ceux que nous nommions amis, soit ne se manifestait pas, soit se dérobaient à leur devoir par quelques paroles cousues de fil blanc sur les temps difficiles de la guerre qui ne leur permettaient de venir en aide. La notion de parenté dérapa complètement. Que l'on questionne aujourd'hui cent personnes, quel que soit leur statut et qu'elles aient été épargnées ou frappées, quatre-vingt dix-neuf répondront avec une moue dédaigneuse : Mieux vaut des étrangers que des parents ! C'est un fait que je constate, sans aucune rancœur et sans en tirer de conclusions hâtives. Tenons-nous en plutôt à l'expérience heureuse d'avoir vu, au contraire, les personnes les moins proches jusque-là, celles parfois juste saluées au passage, ou certaines avec lesquelles nous n'avions qu'un rapport professionnel, prêter naturellement main-forte, et cela avec une telle évidence et avec tant de chaleur humaine que l'on doit honteusement se demander si, dans le cas inverse, on aurait agi de même.» p.42 : «Je ne prétends pas restituer une première impression. Ce serait du reste faux ; c'est frappant, même après des visites répétées on ne s'habituait pas à ce que qu'on voyait, on n'y devenait pas non plus insensible. Chaque fois que l'on s'était de nouveau défait de l'atmosphère de la ville, c'était comme au réveil d'un évanouissement. Ou bien on était dévasté et dans une langueur apathique, tel le poète qui a dialogué avec les démons. Non pas de chagrin ou d'horreur, comme c'était le cas avant lorsque parmi dix maisons nous en voyions une détruite. Celle-là, arrachée du milieu des vivants, nous pouvions la pleurer et en même temps trembler pour la vie des autres. Mais maintenant qu'il n'y avait plus rien ? Ni le cadavre de la ville, ni quelque objet familier mort qui nous dise : Hélas, hier, quand je vivais encore, j'étais ta patrie - non, on avait pas besoin de pleurer. Ce qui nous entourait ne rappelait en aucune manière ce qui était perdu. Ça n'avait rien à voir. C'était quelque chose d'autre, c'était l'inconnu, c'était à proprement parler le Non-Possible.» On pourra parler du bombardement du Havre, qui avait elle, un intérêt stratégique et qui fût la ville la plus détruite de France. L'officier britannique commandant le corps d'armée encerclant la ville demanda aux occupants de se rendre sous peine de bombardement massif. Les Allemands refusèrent mais demandèrent d'évacuer les civils. Ce qui fût refusé... Beaucoup de Normands, contrairement à la légende, furent amères, et l'accueil des alliés par les Havrais fût glacial.