La Faim, du Nobel norvégien Knut Hamsun, est une sacrée « claque littéraire ». Une incursion dans le flux de pensées d’un auteur aux prises avec la misère, qui sombre peu à peu – consciemment – dans des épisodes de folie brillamment exprimés. Le dispositif narratif, les mots, le style : toute l’écriture semble coller au réel, à tel point que nous nous sentons projetés dans la Pensée du narrateur. J’ai pris connaissance du passé de l’auteur en cours de lecture, de sa pitoyable déchéance, survenue plusieurs dizaines d’années après l’écriture de ce roman. Sans cela, je n’aurais peut-être pas choisi ce livre. Mais je suis heureux d’avoir découvert cette plume. J’ai plusieurs fois eu la sensation d’être immergé dans la peau de ces âmes errantes que nous croisons dans les rues : ces femmes et ces hommes qui nous font détourner le regard ou que nous prenons en pitié. …
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Anthony quoted Les Lettres Persanes by Montesquieu
Vous êtes bien cruels, vous autres hommes ! Vous êtes charmés que nous ayons des passion que nous ne puissions pas satisfaire : vous nous traitez comme si nous étions insensibles ; et vous seriez bien fâchés que nous le fussions : vous croyez que nos désirs, si longtemps mortifiés, seront irrités à votre vue. Il y a de la peine à se faire aimer ; il est plus court d’obtenir du désespoir de nos sens ce que vous n’osez attendre de votre mérite.
Lettre VII (Fatmé à Usbek à Erzeron)
Anthony reviewed La faim by Knut Hamsun
La faim
5 stars
La Faim, du Nobel norvégien Knut Hamsun, est une sacrée « claque littéraire ». Une incursion dans le flux de pensées d’un auteur aux prises avec la misère, qui sombre peu à peu – consciemment – dans des épisodes de folie brillamment exprimés. Le dispositif narratif, les mots, le style : toute l’écriture semble coller au réel, à tel point que nous nous sentons projetés dans la Pensée du narrateur. J’ai pris connaissance du passé de l’auteur en cours de lecture, de sa pitoyable déchéance, survenue plusieurs dizaines d’années après l’écriture de ce roman. Sans cela, je n’aurais peut-être pas choisi ce livre. Mais je suis heureux d’avoir découvert cette plume. J’ai plusieurs fois eu la sensation d’être immergé dans la peau de ces âmes errantes que nous croisons dans les rues : ces femmes et ces hommes qui nous font détourner le regard ou que nous prenons en pitié. Ces gens qui, parfois, parlent seuls, hurlent et effraient, ou que, au contraire, le mutisme rend invisibles dans nos paysages urbains. Vous aurez donc compris à quel point cet ouvrage m’a ébranlé.
Crapounifon reviewed Les derniers et les premiers by Olaf Stapledon
Nous étions les Derniers
4 stars
Tout d'abord, un film, Last and first men de Johann Johannsson. La présentation sur Arte me l'avait fait ajouter à ma liste à-visionner. Un article élogieux de Deidre, ancienne bookwyrmeuse, dans son blog Un spicilège, m'a ensuite rappelé de le regarder.
Quel étrange objet, expérience audiovisuelle, une musique hypnotique,des plans fixes, de lents travellings sur d'étranges structures admirablement prises en vue, dans un brouillard et un noir et blanc contrasté et la voix off, bien choisie, de Tilda Swinton, délivrant le message. Une humanité lointaine, dans l'espace mais surtout dans le temps, nous délivre un message d'adieu. Cet humanité très différente, épanouie et fraternelle, sait sa fin, due à un cataclysme cosmique qu'elle ne pourra, cette fois, éviter.
Le réalisateur a fait ici son premier... et dernier film, il est décédé peu de temps après la post-prod'. Il est aussi le compositeur, en sus sur son film, notamment des …
Tout d'abord, un film, Last and first men de Johann Johannsson. La présentation sur Arte me l'avait fait ajouter à ma liste à-visionner. Un article élogieux de Deidre, ancienne bookwyrmeuse, dans son blog Un spicilège, m'a ensuite rappelé de le regarder.
Quel étrange objet, expérience audiovisuelle, une musique hypnotique,des plans fixes, de lents travellings sur d'étranges structures admirablement prises en vue, dans un brouillard et un noir et blanc contrasté et la voix off, bien choisie, de Tilda Swinton, délivrant le message. Une humanité lointaine, dans l'espace mais surtout dans le temps, nous délivre un message d'adieu. Cet humanité très différente, épanouie et fraternelle, sait sa fin, due à un cataclysme cosmique qu'elle ne pourra, cette fois, éviter.
Le réalisateur a fait ici son premier... et dernier film, il est décédé peu de temps après la post-prod'. Il est aussi le compositeur, en sus sur son film, notamment des bandes originales de deux films de Denis Villeneuve, Sicario avec Benicio del Toro et Emilie Blunt et le splendidissime Arrival (Premier contact).
Ce film évoque un autre ovni, La jetée de Chris Marker, statique, noir et blanc, qui inspirera L'armée des douze singes de Terry Gilliam.
Last and First Men est tiré du présent livre. Olaf Stapledon est un auteur semble-t-il aussi méconnu qu'inspirateur. Il aurait inspiré, rien moins qu'A.C. Clarke, Stanislaw Lem, Van Vogt ou encore Asimov. Egalement un physicien, Freeman Dyson, qui, après avoir lu son Le créateur d'étoiles étudiera ce que sera nommé par la suite la Sphère de Dyson, moyen pour une civilisation très avancée d'exploiter directement l'énergie d'une étoile.
Je n'ai jamais lu un tel contraste dans un livre entre son début et sa fin. J'avais lu que la début était dispensable.
Mais c'est plus qu'ennuyeux, outre que ce sont les deux premiers tiers, il s'agit d'une litanie d'une histoire imaginée faite de déclins, catastrophes, épidémies, guerres, quasi-extinction parsemés de sociétés plus ou moins prospères mais sans guère d'imagination sociale sur les structures futures. Une imagination hors sol, comme souvent en SF, avec ici peu de traces de lutte de classe, mais surtout un idéalisme (au sens philosophique) crasse et même débile.
L'auteur enfile également les clichés nationalistes ou racistes en faisant à plusieurs reprises du racisme à l'envers. P. ex., les Juifs peuvent être certes quasi-sauveurs de l'humanité, mais il écrit ça en 1930.
Et pourtant, le film m'a fait entrevoir, et donc tenir, une fin prometteuse.
Et pour cause, lorsque le Dernier Homme parle de son espèce, de la société qu'elle a formée, l'écriture se transforme pour parler comme d'un vécu qui en plus suscite l'enthousiasme sur cette société débarrassée de l'arriération et des conflits. Une société fraternelle enfin pleinement humaine car l'humanité fait son histoire et même son évolution, consciemment, explorant les sciences et les arts. Un cataclysme inéluctable en rendront la fin encore plus tragique surtout qu'il s'annonce par une lente déchéance. Une déchéance qui fera régresser cette humanité en l'handicapant de ces facultés. Ce qui la déprimera surtout, plus que ces maladies inconnues, sera les comportements qu'elles induisent et qu'elle n'avait jamais connus. Mais le courage et la coopération lanceront des graines, dont ce message.
C'est émouvant, poignant.
Le cataclysme peut faire penser au magnifique Diaspora de Greg Egan, la poésie, aux Chroniques martiennes de Bradbury, la transcendance, à 2001, l'odyssée de l'espace.
L'Homme lui-même, selon son rang, est éternellement une beauté dans la forme éternelle de l'univers : quelle bonne chose d'avoir été l'Homme.
Last and First Men est visionnable sur Arte jusqu'en avril.
Fidélité réactionnaire
1 star
Cet épisode de Blake & Mortimer est un prélude à Le secret de l'Espadon. L'Europe sortie exsangue de la Deuxième boucherie mondiale va devoir faire face au fourbe (évidemment) « Empire jaune » qui attendait tapis dans l'ombre que les adversaires s'affaiblissent. Ce rôle objectif est pourtant joué par la bourgeoisie américaine, devenue première puissance, et ce sera la naissance de leur complexe militaro-industriel. Le charme suranné de ces héros n'est naturellement pas dans le racisme intrinsèque de cette série. Mais dans cet épisode on peut remarquer une fidélité particulière à cette vision d'Edgar P. Jacobs, avec : la nostalgie d'un impérialisme de seconde zone, du racisme, la fable de la trahison des politiciens contre le gentil état-major-qui-défendra-la-liberté-malgré-tout, des cinquièmes colonnes, dont, excusez du peu, une « jaune » et une communiste.
Il y a un aspect positif avec une petite histoire de la cryptographie. Nous verrons ainsi Bletchley …
Cet épisode de Blake & Mortimer est un prélude à Le secret de l'Espadon. L'Europe sortie exsangue de la Deuxième boucherie mondiale va devoir faire face au fourbe (évidemment) « Empire jaune » qui attendait tapis dans l'ombre que les adversaires s'affaiblissent. Ce rôle objectif est pourtant joué par la bourgeoisie américaine, devenue première puissance, et ce sera la naissance de leur complexe militaro-industriel. Le charme suranné de ces héros n'est naturellement pas dans le racisme intrinsèque de cette série. Mais dans cet épisode on peut remarquer une fidélité particulière à cette vision d'Edgar P. Jacobs, avec : la nostalgie d'un impérialisme de seconde zone, du racisme, la fable de la trahison des politiciens contre le gentil état-major-qui-défendra-la-liberté-malgré-tout, des cinquièmes colonnes, dont, excusez du peu, une « jaune » et une communiste.
Il y a un aspect positif avec une petite histoire de la cryptographie. Nous verrons ainsi Bletchley Park et même un savant ressemblant à Turing.
Crapounifon finished reading Blake & Mortimer - Tome 23 - Le Bâton de Plutarque by Yves Sente
Anthony reviewed La cité des dames by Christine de Pizan
La cité des dames
Une fois encore, je me défilerai en me refusant d'attribuer une « note » à un récit écrit il y a six siècles. Et si j'ai trouvé quelques longueurs dans la succession des exemples fournis par Christine de Pizan, des modèles féminins issus de l'Histoire (un agréable mélange de personnages historiques et mythologiques dont on ne sait si l'autrice tient l'existence pour véritablement « réelle » ou imaginée), j'ai trouvé le principe du récit d'une fabuleuse ingéniosité : une allégorie à base de superbes analogies tirées de la construction d'une cité. Le novice que je suis comprend que l'autrice travaille à construire un récit-citadelle qui remet sur le devant de la scène toutes ces Femmes que l'histoire a, au minimum, avilies, au pire, réduites à des personnages secondaires insignifiants, une sorte de décorum de l'histoire de l'homme. Christine de Pizan ouvre la voie au féminisme, et bien qu'évidemment l'époque fasse …
Une fois encore, je me défilerai en me refusant d'attribuer une « note » à un récit écrit il y a six siècles. Et si j'ai trouvé quelques longueurs dans la succession des exemples fournis par Christine de Pizan, des modèles féminins issus de l'Histoire (un agréable mélange de personnages historiques et mythologiques dont on ne sait si l'autrice tient l'existence pour véritablement « réelle » ou imaginée), j'ai trouvé le principe du récit d'une fabuleuse ingéniosité : une allégorie à base de superbes analogies tirées de la construction d'une cité. Le novice que je suis comprend que l'autrice travaille à construire un récit-citadelle qui remet sur le devant de la scène toutes ces Femmes que l'histoire a, au minimum, avilies, au pire, réduites à des personnages secondaires insignifiants, une sorte de décorum de l'histoire de l'homme. Christine de Pizan ouvre la voie au féminisme, et bien qu'évidemment l'époque fasse peser quelques lourdeurs morales – notamment concernant la chasteté de ses héroïnes ou leur fidélité indéfectible –, nous retrouvons ici bien des arguments qui, malheureusement, pourraient encore être utilisés ici et là malgré les siècles et les indéniables avancées sociétales. Un texte incroyable donc.
Crapounifon finished reading Les derniers et les premiers by Olaf Stapledon
Les derniers et les premiers by Olaf Stapledon
One of the most succinct and accurate renderings of mankind's present state of mind and future progression. It documents the …
HPI mon ami
4 stars
Une chouette BD sur une chouette rencontre entre deux « surdoués ». Elle permet d'expliquer le fonctionnement des HPI, ce que c'est scientifiquement, au-delà de la mode et du business. Cela démonte ainsi les nombreux clichés dessus. On pourra regretter deux trois références néfastes. Une référence à la psychanalyse, dont on voit mal, vu les dégâts occasionnés notamment aux familles d'enfants autistes, ce qu'elle pourrait dire de non nuisible sur les HPI. L'autre référence est sur Jeanne Siaud Facchin, «psy», qui a inventé le terme de zèbre mais aussi quelques fadaises sur les surdoués. A ce propos on pourra écouter la série d'émissions, Contes et légendes de l'intelligence, consacrées à la surdouance de Méta de choc.
Crapounifon finished reading Comme un oiseau dans un bocal: portraits de surdoués by Lou Lubie
Comme un oiseau dans un bocal: portraits de surdoués by Lou Lubie
On parle beaucoup des enfants précoces, mais que deviennent-ils une fois adultes ? Birdo, brillant chef de restaurant, discret et …
Crapounifon reviewed Exterminateur 17 by Enki Bilal
Révolution androïde
5 stars
Une réédition grand format de cette BD des Humanoïdes Associés, Dionnet et Bilal, en « couleurs définitives », pour revendre définitivement ? J'avais perdu l'original, colorisé par la femme de Bilal. Les couleurs de cette édition sont moins vives, moins psyché. Un androïde soldat « réincarné » va tenter de libérer ses « congénères ». Mais il croisera des Néo-Manichéens pour qui, l'androïde, matière née de la matière, est doublement mauvais. A voir la tenue de ces androïdes soldats, avec un casque ressemblant aux bonnets des armées russes puis soviétiques, le 17 n'est apparemment pas pour rien non plus. Une superbe BD de SF, quant à l'univers dessiné par Dionnet, décrit par Enki, c'est Bilal, hein, même s'il a vrillé depuis.
Crapounifon finished reading Exterminateur 17 by Enki Bilal
Exterminateur 17 by Jean-Pierre Dionnet, Enki Bilal
Un classique de la science-fiction mis en couleur par José Villarubia
Il a créé les androïdes. Il est leur père, …
Crapounifon started reading Exterminateur 17 by Enki Bilal
Exterminateur 17 by Jean-Pierre Dionnet, Enki Bilal
Un classique de la science-fiction mis en couleur par José Villarubia
Il a créé les androïdes. Il est leur père, …
Crapounifon wants to read Mémoires d'un révolutionnaire by Peter Kropotkin
Mémoires d'un révolutionnaire by Peter Kropotkin
Published in Atlantic monthly Sep. 1898-Sep. 1899 under title The autobiography of a revolutionist. Graphic details of Russian conditions and …
Crapounifon started reading Les derniers et les premiers by Olaf Stapledon
Les derniers et les premiers by Olaf Stapledon
One of the most succinct and accurate renderings of mankind's present state of mind and future progression. It documents the …