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Le premier maître by Tchinguiz Aïtmatov
« Mon petit peuplier » (1961) Un paysage grandiose dans les hautes montagnes du Tian-Chan, en Kirghizie, aux confins de …
La bibliothèque de Babel de Borges mais en plus grand.
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« Mon petit peuplier » (1961) Un paysage grandiose dans les hautes montagnes du Tian-Chan, en Kirghizie, aux confins de …
Zouleikha est une frêle paysanne tatare dans un village retiré de l'URSS au moment de la «dékoulakisation » stalinienne. Après avoir industrialisé de manière bureaucratique, sans discernement et autoritairement, les campagnes ne peuvent suivre la demande. A la famine, Staline va faire piller les campagnes et déporter en masse les « koulaks » paysans « riches », parfois d'une vache.
On découvre Zouleikha percluse de superstition, de religion et de soumission, à son mari et sa haineuse belle-mère, qui érige son étroitesse en vertu.
Le GPU ratisse, tuant son mari, elle sera emmenée dans un terrible voyage de plusieurs mois pour atteindre la taïga sibérienne. Les conditions sont celles de la survie que tous ne supporteront pas.
Et, avec les purges, l'officier assassin se retrouve convoyeur de ce train de koulaks.
Zouleikha est projeté dans un univers qui lui échappe, qui la choque, à la fois …
Zouleikha est une frêle paysanne tatare dans un village retiré de l'URSS au moment de la «dékoulakisation » stalinienne. Après avoir industrialisé de manière bureaucratique, sans discernement et autoritairement, les campagnes ne peuvent suivre la demande. A la famine, Staline va faire piller les campagnes et déporter en masse les « koulaks » paysans « riches », parfois d'une vache.
On découvre Zouleikha percluse de superstition, de religion et de soumission, à son mari et sa haineuse belle-mère, qui érige son étroitesse en vertu.
Le GPU ratisse, tuant son mari, elle sera emmenée dans un terrible voyage de plusieurs mois pour atteindre la taïga sibérienne. Les conditions sont celles de la survie que tous ne supporteront pas.
Et, avec les purges, l'officier assassin se retrouve convoyeur de ce train de koulaks.
Zouleikha est projeté dans un univers qui lui échappe, qui la choque, à la fois oppressif et terrible mais aussi, par la force des choses, émancipateur.
Un exemple, elle est interrogée par l'officier qui fait tomber un cendrier. Elle est sidérée de le voir ramasser les mégôts et le cendrier. Pensez, un officier, un homme !
L'officier s'était engagé soldat de l'Armée rouge, défendant la révolution russe en 1918, deviendra un salopard du GPU puis, à force de doutes et d'épreuves, s'humanisera.
Le roman est direct, l'autrice fût étudiante en cinéma, mais avec parfois une grande poésie.
On voit ainsi le développement de l'Union soviétique, par le prisme de ce goulag avec une vision non binaire, objective, de ce qu'a pu apporter ce nouveau système, hérité d'une révolution, déformé par la dictature, entre émancipation et oppression implacable. Il y a la famine, les purges, la guerre. Au passage, l'Union soviétique sera le premier pays à légaliser l'avortement. Staline l'interdira en 1936.
D'aucuns ont reproché un roman malsain, sur les relations entre bourreaux et victimes. Cela juge plus leur manque de sensibilité et de discernement sur l'un des aspects essentiels, l'ouverture des yeux de Zouleikha. Ils se montrent ainsi incapables d'une vision non-binaire, a fortiori quand il s'agit de l'émancipation d'une femme.
D'autres, ou les mêmes, ont dit que ce camp ne montrait pas l'horreur de ce que c'était. Là encore, la dureté de la vie y est pourtant montré tout le long, parfois en arrière-plan mais toujours présente. Il y a eu différentes époques et différents régimes pour les camps, entre prisons, isolateurs, camp de travail. Voir Le sablier.
Bref, de l'horreur d'une soumission humiliante, bestiale et étroite à l'oppression d'une femme émancipée malgré tout. Zouleikha a eu la force de supporter ce qu'elle voyait, et en retour, elle nous ouvre aussi les yeux.
C'est la force de ce roman de montrer comment l'émancipation, la vie, se fraient un chemin.
Un grand roman, donc, émouvant par son écriture, sa justesse et son empathie.
La préface de Ludmila Oulitskaïa, écrivaine russe contemporaine, salue une nouvelle écrivaine tatare en langue russe. Elle cite en prédécesseurs, Tchinguiz Aïtmatov, auteur soviétique puis kirghize, qui a écrit un recueil de nouvelles, Le premier maîtredont c'est la première édition en français.
La postface, par Georges Nivat, spécialiste de la littérature russe, est intéressante si l'on tient compte son anti-communisme réécrivant l'histoire.
Gouzel Iakhina écrira ensuite Les enfants de la Volga, chronologiquement avant Zouleikha ouvre les yeux puis Convoi à Samarcande. Les deux autres sont, paraît-il, au moins aussi recommandables.
Elle sentira que la douleur qui a inondé le monde n’est pas partie, mais qu’elle lui a accordé un peu de répit.

Tatarstan, Russie, années 1930. À l'âge de quinze ans, Zouleikha est mariée à un homme bien plus âgé qu'elle. Ils …
Trois jeunes femmes, toutes trois victimes de violences conjugales : Chahinez Daoud, Emma et Nathacha, l'autrice. Seule cette dernière survivra et pourra, par son talent, leur redonner vie, les extraire temporairement de cet instant fatidique et leur offrir le plus bel hommage qu’il se puisse : leur rendre leur vie d'avant. Violences psychologiques, brimades quotidiennes, coups, blessures, viols... jusqu'au meurtre pour deux d'entre elles – ou plutôt à l’assassinat, devrais-je écrire – qui resteront pour nous, spectateurs impuissants, inintelligibles. Sous la plume merveilleuse de Nathacha, véritable baume, la Littérature viendra retisser les morceaux entre eux, la fiction remplir les vides, pour nous exposer une réalité obscène et oh combien injuste. À l'extrême violence humaine s’ajoute celle d’un État défaillant et d’une société encore archaïque. Je qualifierais plus cette œuvre d'essai que d'auto-fiction. Nathacha Appanah décortique avec précision les mécanismes de l'emprise et des pressions sociales qui s’exercent sur ces jeunes …
Trois jeunes femmes, toutes trois victimes de violences conjugales : Chahinez Daoud, Emma et Nathacha, l'autrice. Seule cette dernière survivra et pourra, par son talent, leur redonner vie, les extraire temporairement de cet instant fatidique et leur offrir le plus bel hommage qu’il se puisse : leur rendre leur vie d'avant. Violences psychologiques, brimades quotidiennes, coups, blessures, viols... jusqu'au meurtre pour deux d'entre elles – ou plutôt à l’assassinat, devrais-je écrire – qui resteront pour nous, spectateurs impuissants, inintelligibles. Sous la plume merveilleuse de Nathacha, véritable baume, la Littérature viendra retisser les morceaux entre eux, la fiction remplir les vides, pour nous exposer une réalité obscène et oh combien injuste. À l'extrême violence humaine s’ajoute celle d’un État défaillant et d’une société encore archaïque. Je qualifierais plus cette œuvre d'essai que d'auto-fiction. Nathacha Appanah décortique avec précision les mécanismes de l'emprise et des pressions sociales qui s’exercent sur ces jeunes femmes : la jalousie maladive, la manipulation de l'entourage et de la victime, son isolement jusqu'à la déshumanisation. L'autrice parvient à nous dessiner avec justesse et humanité l'enfer par lequel les bourreaux choisissent des femmes qu'ils disent aimer. Puisse cette introspection adoucir la vie de son autrice, car l'hommage rendu à Chahinez et Emma, lui, est une réussite.
C'est dans le cadre d'une opération « Masse critique » de Babelio que j'ai reçu ce drôle d'objet qu'est Salamalecs. J'ai mis quelques secondes à comprendre la malice. Sans trop en dévoiler, la forme de l'ouvrage colle au récit, scindé en deux parties d'une même histoire, car il « n'en existe qu'une en ce monde ». Du sans-papiers qui tente d'obtenir le sésame, nous retiendrons l'attente, la violence, les vies cachées, exploitées ; mais aussi, heureusement, la solidarité. De la vie antérieure à l'arrivée sur le sol français, nous serons plongés dans la violence du Sri Lanka. Une violence dont le récit – peut-être celui du réfugié qui veut justifier sa demande de visa – ne fait aucune concession. Le style de l'auteur ne prend aucun détour. Il est cru, honnête, ne cherche pas à satisfaire mes attentes de lecteur. Minimaliste et factuel, la narration nous incite à croire à …
C'est dans le cadre d'une opération « Masse critique » de Babelio que j'ai reçu ce drôle d'objet qu'est Salamalecs. J'ai mis quelques secondes à comprendre la malice. Sans trop en dévoiler, la forme de l'ouvrage colle au récit, scindé en deux parties d'une même histoire, car il « n'en existe qu'une en ce monde ». Du sans-papiers qui tente d'obtenir le sésame, nous retiendrons l'attente, la violence, les vies cachées, exploitées ; mais aussi, heureusement, la solidarité. De la vie antérieure à l'arrivée sur le sol français, nous serons plongés dans la violence du Sri Lanka. Une violence dont le récit – peut-être celui du réfugié qui veut justifier sa demande de visa – ne fait aucune concession. Le style de l'auteur ne prend aucun détour. Il est cru, honnête, ne cherche pas à satisfaire mes attentes de lecteur. Minimaliste et factuel, la narration nous incite à croire à un simple récit autobiographique. Ce n'est pas à proprement parler le cas, bien que l'auteur ait nourri le livre de sa propre expérience de réfugié. Si je suis resté sur ma faim sur le plan littéraire, les éditions Zulma – c'est ma huitième lecture chez eux – ont encore une fois enrichi mon regard sur le monde. Ici, nous ne sortons pas indemnes de la violence qui, parfois insoutenable, colle aux personnages, et ce partout, sans frontière géographique. Un récit universel qui, malheureusement, ne fait que révéler une seule et même histoire : le récit de celles et ceux qui fuient l'horreur et cherchent simplement à vivre plus sereinement.
Impressionné jeune par le tableau qu'il vit dans un livre d'art, l'auteur nous livre le cheminement de son idée originale sur le tableau. L'impression venant autant de l'émotion artistique que du mystère de ce tableau, un des plus emblématiques de la mise en abyme.
Le couple royal, au fond, est-il en peinture ou en reflet ? Reflet du tableau, hors du tableau ? Qui sommes-nous, nous spectateur ? Pourquoi la plupart des personnages nous regardent-ils ainsi ? Et ce tableau de revers, serait-ce effectivement Les Ménines ?
L'auteur nous livre l'histoire de ce tableau et de ces interprétations, citant Daniel Arasse ou Hugo Damish, jusqu'à cette conclusion inédite.
Par la configuration, par le mystère, par la réflexion (sic) et la mise en abyme, on pense aux Epoux Arnolfini de Jan Van Eyck. Et l'on aura raison, Velasquez fût familier de ce tableau et de ce peintre, lui …
Impressionné jeune par le tableau qu'il vit dans un livre d'art, l'auteur nous livre le cheminement de son idée originale sur le tableau. L'impression venant autant de l'émotion artistique que du mystère de ce tableau, un des plus emblématiques de la mise en abyme.
Le couple royal, au fond, est-il en peinture ou en reflet ? Reflet du tableau, hors du tableau ? Qui sommes-nous, nous spectateur ? Pourquoi la plupart des personnages nous regardent-ils ainsi ? Et ce tableau de revers, serait-ce effectivement Les Ménines ?
L'auteur nous livre l'histoire de ce tableau et de ces interprétations, citant Daniel Arasse ou Hugo Damish, jusqu'à cette conclusion inédite.
Par la configuration, par le mystère, par la réflexion (sic) et la mise en abyme, on pense aux Epoux Arnolfini de Jan Van Eyck. Et l'on aura raison, Velasquez fût familier de ce tableau et de ce peintre, lui qui fût en charge du mobilier royal.
Jean-Philippe Postel, dans l'excellent L'Affaire Arnolfini, en a fait une passionnante enquête et une révélation inédite. Révélation qui me semble plus magistrale et plus raisonnée que celle que la réflexion du présent livre.
Il n'en reste pas moins que ce fût un plaisir sans doute que vous partagerez si vous aimez les enquêtes sur les tableaux, dévoilant leurs sens cachés, réels ou supposés.
On regrettera le prix, 20€, pour si peu de page. Mais ce n'est pas vraiment un poche et le grammage et la présence d'images couleurs peuvent l'expliquer.
Une histoire romancée de l'imprimeur-éditeur-graveur de caractères Antoine Augereau, racontée par son élève Claude Garamond. On y rencontre la Réforme balbutiante et les tourments que la Sorbonne de l'époque fit subir à ceux (et quelques celles) qui osèrent réfléchir un peu trop, et en particulier prétendre lire la Bible dans sa version originale.
Il y a de belles choses dans ce livre, j'étais très sensible à l'émotion qui relie typographie et gravure de caractère à l'érudition et à la quête théologique. Mais il est parfois un peu trop boursoufflé, et ça m'a rendu un peu triste.
(Le cœur du livre est un livre dans le livre, écrit et imprimé par Garamond lui-même — le Garamond de fiction bien sûr — en l'espace de 2 mois. Et j'ai comme l'impression que le style oral de ce récit, avec ses redondances, ses digressions que l'auteur regrette rapidement, ne colle pas …
Une histoire romancée de l'imprimeur-éditeur-graveur de caractères Antoine Augereau, racontée par son élève Claude Garamond. On y rencontre la Réforme balbutiante et les tourments que la Sorbonne de l'époque fit subir à ceux (et quelques celles) qui osèrent réfléchir un peu trop, et en particulier prétendre lire la Bible dans sa version originale.
Il y a de belles choses dans ce livre, j'étais très sensible à l'émotion qui relie typographie et gravure de caractère à l'érudition et à la quête théologique. Mais il est parfois un peu trop boursoufflé, et ça m'a rendu un peu triste.
(Le cœur du livre est un livre dans le livre, écrit et imprimé par Garamond lui-même — le Garamond de fiction bien sûr — en l'espace de 2 mois. Et j'ai comme l'impression que le style oral de ce récit, avec ses redondances, ses digressions que l'auteur regrette rapidement, ne colle pas avec celui d'un opuscule qui serait écrit dans la colère de la mort d'Augereau et l'urgence du témoignage.)
Et si j'ai droit à une critique additionnelle, c'est que « la veuve de Chevallon » (ainsi mentionnée plusieurs fois dans le livre) avait un nom, Charlotte Guillard, et qu'elle a eu une belle importance dans l'histoire de l'imprimerie une fois qu'elle a repris l'officine de son mari. Mais ce livre avait été écrit avant la thèse de Rémi Jimenes, et peut-être ces données n'étaient alors pas tout à fait accessibles.

Le 24 décembre 1534, place Maubert, pendant que chacun s'apprête à fêter Noël, un imprimeur, suspect d'hérésie, est pendu. Son …
Je ne suis pas familier du roman noir. Si mes souvenirs sont bons, je crois que seule ma lecture de la suite Stieg Larsson pourrait s’en rapprocher ; mais Millénium n’est pas classé comme tel. L’ouvrage Baignades est scindé en deux parties. Les premières pages m’ont bien accroché. Le style est efficace, moderne, va à l’essentiel, et nous sommes rapidement plongés dans le récit. Peu à peu, l’autrice m’a perdu. Je devrais être plus précis, j’avais l’impression d’être devant un film angoissant qui, vu à l’approche de ma nuit, ne favoriserait pas mon sommeil. Arrivée en fin de cette première partie, la curiosité pointe : mais qu’est-ce que l’autrice allait nous offrir ? Et alors, ce second chapitre nous offre une toute autre ouverture, un deuxième roman dans le roman. J’ai vraiment aimé cette dernière partie de l’ouvrage : autant sur le fond – très riche, mais dont je ne …
Je ne suis pas familier du roman noir. Si mes souvenirs sont bons, je crois que seule ma lecture de la suite Stieg Larsson pourrait s’en rapprocher ; mais Millénium n’est pas classé comme tel. L’ouvrage Baignades est scindé en deux parties. Les premières pages m’ont bien accroché. Le style est efficace, moderne, va à l’essentiel, et nous sommes rapidement plongés dans le récit. Peu à peu, l’autrice m’a perdu. Je devrais être plus précis, j’avais l’impression d’être devant un film angoissant qui, vu à l’approche de ma nuit, ne favoriserait pas mon sommeil. Arrivée en fin de cette première partie, la curiosité pointe : mais qu’est-ce que l’autrice allait nous offrir ? Et alors, ce second chapitre nous offre une toute autre ouverture, un deuxième roman dans le roman. J’ai vraiment aimé cette dernière partie de l’ouvrage : autant sur le fond – très riche, mais dont je ne veux rien divulgâcher – que pour la forme. La technique narrative de l’autrice s’y épanouit : un brin d’omniscience du narrateur et une fluidité dans la manière de passer d’un point de vue à l’autre qui m’a fait penser à l’art narratif de Virginia Woolf. La toute fin est un peu expédiée, mais l’autrice a frayé une très belle voie littéraire.
Pétillon avait quasiment terminé le scénario avant de décéder. Larcenet l'a dessiné. Encore une aventure du détective pied-nickelé Jack Palmer, dans laquelle on retrouve des dialogues décalés, frôlant l'absurde. On retrouve un des Corses de L'enquête corse, il y a du cliché mais bon enfant, dans un esprit Astérix & Obélix. Si les premiers Jack Palmer étaient complètement absurde et trash (Une sacrée salade), les derniers sont des portraits d'époque. A lire en dégustant un bon Grolo-Laglotte 2003.
Pétillon avait quasiment terminé le scénario avant de décéder. Larcenet l'a dessiné. Encore une aventure du détective pied-nickelé Jack Palmer, dans laquelle on retrouve des dialogues décalés, frôlant l'absurde. On retrouve un des Corses de L'enquête corse, il y a du cliché mais bon enfant, dans un esprit Astérix & Obélix. Si les premiers Jack Palmer étaient complètement absurde et trash (Une sacrée salade), les derniers sont des portraits d'époque. A lire en dégustant un bon Grolo-Laglotte 2003.
Pour une approche de la littérature en Haïti www.humanite.fr/en-debat/haiti/yanick-lahens-haiti-peut-secrire-desormais-envers-et-contre-tout-en-plusieurs-langues
Il y a aussi des histoires de femmes en Haïti www.humanite.fr/yanick-lahens-lart-est-est-en-haiti-loxygene-qui-permet-au-coeur-de-continuer-a-battre?_sc=MzYyMTgxOCM1MzA1NTM%3D&utm_campaign=NL+HM+230825+ABOS+EX-ABOS&utm_medium=email&utm_source=brevo
En vérité, je suis sûr que vous savez aussi bien que moi ce que nous avons à faire - et en premier lieu que nous devons agir - car celui qui est solitaire ou prisonnier peut rêver de la compagnie des hommes, mais celui que des compagnons entourent doit agir au lieu de rêver. Ensuite, vous savez quel est l'ennemi, et cet ennemi, c'est l'orgueilleux, l'oppresseur, qui n'a que mépris pour la compagnie des autres, qui est un monde à lui seul, n'a nullement besoin d'aide et n'aide personne, mais qui, au mépris des lois, impose sa loi aux autres hommes parce qu'il est riche ; et assurément, tous ceux qui sont riches sont ainsi, ni ne peuvent être autrement. [...] Ah, bien grand malheur en vérité ! Il [le diable des riches] dit vrai trop souvent, comme le diable en a l'habitude, pour vêtir de mensonges la vérité nue ; et ce n'est que trop vrai : le pauvre pense que le riche n'est pas fait par le même moule que lui et qu'il est digne d'être son maître, comme si, en vérité, les pauvres descendaient d'Adam, et les riches de celui par qui Adam fût créé, c'est-à-dire Dieu : et ainsi le pauvre oppresse le pauvre parce qu'il redoute l'oppresseur. Mais vous n'êtes pas de ceux-là, mes frères ; autrement, pourquoi donc êtes-vous rassemblés ici, impatients d'aller forcer le monde à reconnaître que vous êtes les fils d'un homme et d'une femme, engendrés par la terre ?
— Un rêve de John Ball by William Morris (Page 58 - 60)
William Morris est un artiste, peintre, éditeur, préraphaélite, fondateur de l'Arts and crafts. On lui doit, entre autres, de somptueux motifs de papiers peints, dont l'un est en couverture. Il fût également militant socialiste, dans son acception première, et, donc, également écrivain.
John Ball, prêtre, disciple de Wycliff, il fût, avec Wat Tyler, le guide des Lollards et de la révolte paysanne en Angleterre en 1380-1381. Il dira :
Quand Adam bêchait et Ève filait, où était alors le noble ?
Phrase reprise par les insurgés paysans de 1525 en Allemagne.
Le titre du présent ouvrage est à double sens, un rêve de Morris sur John Ball ou bien un rêve de John Ball.
Morris se rêve à rencontrer Ball au début de l'insurrection. Et il discute ardemment avec lui sur la révolte, son devenir, l'avènement de la société dans laquelle …
William Morris est un artiste, peintre, éditeur, préraphaélite, fondateur de l'Arts and crafts. On lui doit, entre autres, de somptueux motifs de papiers peints, dont l'un est en couverture. Il fût également militant socialiste, dans son acception première, et, donc, également écrivain.
John Ball, prêtre, disciple de Wycliff, il fût, avec Wat Tyler, le guide des Lollards et de la révolte paysanne en Angleterre en 1380-1381. Il dira :
Quand Adam bêchait et Ève filait, où était alors le noble ?
Phrase reprise par les insurgés paysans de 1525 en Allemagne.
Le titre du présent ouvrage est à double sens, un rêve de Morris sur John Ball ou bien un rêve de John Ball.
Morris se rêve à rencontrer Ball au début de l'insurrection. Et il discute ardemment avec lui sur la révolte, son devenir, l'avènement de la société dans laquelle il vit, toujours constituée d'oppressions, d'aliénations. Il essaie d'expliquer pourquoi la révolte, si elle est vouée à l'échec, n'en est pas moins juste et nécessaire pour l'avenir.
La harangue imaginée de Ball est prenante.
La préface est de William Blanc, auteur de plusieurs ouvrages sur l'histoire de la vision de la société médiévale. Il donne le contexte historique et politique de Morris qui mythifie la société médiévale, par rejet de la société capitaliste en pleine révolution industrielle.