Crapounifon finished reading Un rêve de John Ball by William Morris

Un rêve de John Ball by William Morris
Vers la fin du XIXe siècle, un conférencier socialiste s'endort. Divagant, promenant son esprit jusque dans la belle campagne anglaise …
La bibliothèque de Babel de Borges mais en plus grand.
This link opens in a pop-up window

Vers la fin du XIXe siècle, un conférencier socialiste s'endort. Divagant, promenant son esprit jusque dans la belle campagne anglaise …
L'auteur éprouve une émotion à contre-courant en voyant Les Nymphéas au Musée de l'Orangerie. Un malaise diffus mais certain, une... impression de mort.
Les mystères sur des œuvres peuvent être passionnants surtout quand l'auteur promet ce que personne n'avait vu. Je pense à l'excellent L'affaire Arnolfini de Postel.
Ici, Grégoire Bouiller enquêtera en ouvrant pistes et énumérant des anecdotes, souvent passionnantes. Ce qui gâche c'est un ton qui se veut léger mais qui devient rapidement un style lourd, très lourd. Impressions et commentaires sur ses impressions, avec quantités de parenthèses de répétitions, comme une voix off, qui rallongent et appesantissent grandement le texte. Des traits d'humour qui tombent à l'étang (me voilà contaminé). On pourrait gagner une petite centaine de pages.
C'est bien dommage, car ses impressions permettent de suivre son cheminement, son « enquête », avec des errements, parfois capilo-tractés comme il le reconnaît parfois, …
L'auteur éprouve une émotion à contre-courant en voyant Les Nymphéas au Musée de l'Orangerie. Un malaise diffus mais certain, une... impression de mort.
Les mystères sur des œuvres peuvent être passionnants surtout quand l'auteur promet ce que personne n'avait vu. Je pense à l'excellent L'affaire Arnolfini de Postel.
Ici, Grégoire Bouiller enquêtera en ouvrant pistes et énumérant des anecdotes, souvent passionnantes. Ce qui gâche c'est un ton qui se veut léger mais qui devient rapidement un style lourd, très lourd. Impressions et commentaires sur ses impressions, avec quantités de parenthèses de répétitions, comme une voix off, qui rallongent et appesantissent grandement le texte. Des traits d'humour qui tombent à l'étang (me voilà contaminé). On pourrait gagner une petite centaine de pages.
C'est bien dommage, car ses impressions permettent de suivre son cheminement, son « enquête », avec des errements, parfois capilo-tractés comme il le reconnaît parfois, et digressions instructives. J'ai fini le livre malgré son style parce qu'on y apprend de nombreuses choses sur la genèse des tableaux de Monet, sa vie, l'époque.

Mon nom est Karl Marx. Ce que je fais dissimulé sous ce drap ? C'est une longue histoire. Celle de …
Les petits Platons sont un éditeur et sa seule collection. Il a l'ambitieux programme d'expliquer la philosophie aux plus jeunes de manière simple, appuyé par des illustrations dont le style correspond à la philosophie expliquée. Pour Marx, ce sera un style faisant penser à Vladimir Lebedev et au constructivisme soviétique. Une très bonne façon d'aborder Marx avec, l'air de rien, la lutte des classes comme moteur de l'histoire, l'accumulation du capital et le salariat, la monnaie, la main « invisible » du marché.
Les petits Platons sont un éditeur et sa seule collection. Il a l'ambitieux programme d'expliquer la philosophie aux plus jeunes de manière simple, appuyé par des illustrations dont le style correspond à la philosophie expliquée. Pour Marx, ce sera un style faisant penser à Vladimir Lebedev et au constructivisme soviétique. Une très bonne façon d'aborder Marx avec, l'air de rien, la lutte des classes comme moteur de l'histoire, l'accumulation du capital et le salariat, la monnaie, la main « invisible » du marché.
Dans cinq zones, des habitants sont morts, devenus fous ou ont été transformés, des objets défiant l'entendement ou au fonctionnement obscurs y sont éparpillés et des phénomènes étranges surviennent. Restes de la venue d'extraterrestres ? Circonscrites et étudiées par l'armée et des savants, des « stalkers » bravent la surveillance et surtout les dangers présents derrière la moindre motte de terre dans ces Zones, pour y récupérer et revendre ces objets. On suit l'un d'eux dans ces excursions. Il se pose un peu de questions existentielles, tout au plus pour à se demander pourquoi risquer sa vie pour bien la gagner. Mais il ne s'en pose guère sur la nature de ces Zones, de ces objets venus d'ailleurs, et guère non plus sur la moralité de l'activité ou la finalité de ses acheteurs. D'ailleurs le degré de suspension de la crédulité demandé ici est élevé. Bien sûr cela participe au …
Dans cinq zones, des habitants sont morts, devenus fous ou ont été transformés, des objets défiant l'entendement ou au fonctionnement obscurs y sont éparpillés et des phénomènes étranges surviennent. Restes de la venue d'extraterrestres ? Circonscrites et étudiées par l'armée et des savants, des « stalkers » bravent la surveillance et surtout les dangers présents derrière la moindre motte de terre dans ces Zones, pour y récupérer et revendre ces objets. On suit l'un d'eux dans ces excursions. Il se pose un peu de questions existentielles, tout au plus pour à se demander pourquoi risquer sa vie pour bien la gagner. Mais il ne s'en pose guère sur la nature de ces Zones, de ces objets venus d'ailleurs, et guère non plus sur la moralité de l'activité ou la finalité de ses acheteurs. D'ailleurs le degré de suspension de la crédulité demandé ici est élevé. Bien sûr cela participe au sentiment d'incompréhension des personnages eux-mêmes face à l'existence de ces Zones mais, comme trop souvent en SF, c'est vu par le petit bout de la lorgnette, ici avec la « morale » d'un stalker. Il faut avoir lu les deux tiers du livre pour avoir un échange intéressant entre un scientifique étudiant les Zones et un ingénieur véreux. L'idée serait que des extraterrestres n'aient fait que passer en laissant des artefacts et des modifications gravitationnelles. En somme des restes d'une sorte de pique-nique au bord du chemin, sous-titre du livre. Cela rejoint l'analogie d'un physicien japonais, Michio Kaku, à propos du paradoxe de Fermi. Nous sommes aussi insignifiants ou invisibles pour une civilisation capable de voyages intergalactiques que des fourmis au bord d'une route que nous empruntons en voiture. Stalker a une postérité, de l'adaptation de Tarkovsky, paraît-il assez éloignée du livre, à des jeux vidéos. On pense également au bien plus interpellant Annihiliation de Vandermeer et également à son adaptation dans un film éponyme, avec Nathalie Portman, visuellement intéressant.
@Armavica @Balbec@bw.heraut.eu @LeoVarnet
Pour finir en revenant à la linguistique-fiction, Douglas Hofstadter imagine dans une petite histoire très courte une langue qui marquerait non pas le genre de l'individu mais sa couleur de peau, avec un "blanc générique".
Quel en est le titre et dans quel recueil est-elle, svp ?
@Armavica @Balbec@bw.heraut.eu @LeoVarnet
Pour finir en revenant à la linguistique-fiction, Douglas Hofstadter imagine dans une petite histoire très courte une langue qui marquerait non pas le genre de l'individu mais sa couleur de peau, avec un "blanc générique".
Quel en est le titre et dans quel recueil est-elle, svp ?

Babel-17 is a 1966 science fiction novel by American writer Samuel R. Delany in which the Sapir–Whorf hypothesis (that language …
@Armavica @LeoVarnet On peut prendre l'exemple de l'hébreu. Au lieu du yiddish, les fondateurs d'Israël ont tenu à ressusciter cette langue morte comme langue officielle de l'Etat naissant. Ce fût l'objet de débats et ce sont les moins progressistes qui eurent le dernier mot. Mais j'ai souvenir d'avoir lu qu'il ne fût pas simple d'adapter cette langue aux concepts contemporains et aux termes techniques et scientifiques notamment. Pour les fututs concepts (je pense à la mécanique quantique, p.ex.), la langue n'est pas figée. Dès lors, c'est peut-être alors notre entendement qui est en question. Mais poser la question ainsi, c'est poser des limites a priori. Toutes les langues ont un débit informationnel similaire, de l'ordre de 39 shannon/s. Je rajouterai que la nouvelle de Chiang a donné Arrival (Premier contact), de Denis Villeneuve. Je rajoute Babel 17 à ma liste.
@Armavica @LeoVarnet On peut prendre l'exemple de l'hébreu. Au lieu du yiddish, les fondateurs d'Israël ont tenu à ressusciter cette langue morte comme langue officielle de l'Etat naissant. Ce fût l'objet de débats et ce sont les moins progressistes qui eurent le dernier mot. Mais j'ai souvenir d'avoir lu qu'il ne fût pas simple d'adapter cette langue aux concepts contemporains et aux termes techniques et scientifiques notamment. Pour les fututs concepts (je pense à la mécanique quantique, p.ex.), la langue n'est pas figée. Dès lors, c'est peut-être alors notre entendement qui est en question. Mais poser la question ainsi, c'est poser des limites a priori. Toutes les langues ont un débit informationnel similaire, de l'ordre de 39 shannon/s. Je rajouterai que la nouvelle de Chiang a donné Arrival (Premier contact), de Denis Villeneuve. Je rajoute Babel 17 à ma liste.
Je vous dois quelques nouvelles de ces Récits de Lovecraft. C'est en effet un univers qui s'ouvre au lecteur qui entame ces 671 centimètres cubes d'horreur. Sur les 29 récits qui constituent le volume, je suis en cours de lecture du dix-huitième, le plus long : Le cas de Charles Dexter Ward.
La valeur ajoutée de cette édition de La Pléiade est tout à fait intéressante. Elle se matérialise tout d'abord par une traduction à plusieurs plumes, chaque récit bénéficiant de la sienne propre. Son style rend tout à fait compte de la langue originelle, dans un anglais dont les variations de style et de dialecte font intégralement partie de l'intrigue, à tel point que même la lecture de la traduction française requiert, pour moi, le recours à un dictionnaire. J'y ai en effet découvert nombre de mots de la langue de Molière. Mon préféré est une analepse …
Je vous dois quelques nouvelles de ces Récits de Lovecraft. C'est en effet un univers qui s'ouvre au lecteur qui entame ces 671 centimètres cubes d'horreur. Sur les 29 récits qui constituent le volume, je suis en cours de lecture du dix-huitième, le plus long : Le cas de Charles Dexter Ward.
La valeur ajoutée de cette édition de La Pléiade est tout à fait intéressante. Elle se matérialise tout d'abord par une traduction à plusieurs plumes, chaque récit bénéficiant de la sienne propre. Son style rend tout à fait compte de la langue originelle, dans un anglais dont les variations de style et de dialecte font intégralement partie de l'intrigue, à tel point que même la lecture de la traduction française requiert, pour moi, le recours à un dictionnaire. J'y ai en effet découvert nombre de mots de la langue de Molière. Mon préféré est une analepse, qui n'est autre que la traduction en français de flash-back. Parmi les autres mots qui m'étaient inconnus, citons evhémérisme, manducation, anamnèse, avunculaire, déréliction, glossolalie, nolition, anabase et catabase, apotropaïque, anapeste... et la liste est longue ! Précisons pour finir que les récits sont présentés dans l'ordre de leur composition par l'auteur, ce qui permet d'appréhender l'évolution de son œuvre.
Un approximatif tiers du volume est constitué d'ajouts aux textes de Lovecraft. Le lecteur accède tout d'abord à une volumineuse introduction à cette édition, que je conseille de ne pas omettre. En effet, elle permet de mettre les écrits de Lovecraft dans leur contexte historique, lequel est important pour percevoir pleinement l'expression de chaque récit. En cours de lecture, le lecteur est accompagné par quantité de notes, reportées en fin d'ouvrage, qui éclairent l'environnement de l'auteur au moment de l'écriture. Toujours en fin d'ouvrage, précédant les notes, se trouvent des notices, une pour chaque récit. Il ne faut absolument pas lire les notices avant de lire l'œuvre originale : ce sont des spoilers en bonne et due forme (et en bon français du XXIe siècle). L'ordre de leur présentation est donc surprenant : j'aurai trouvé plus opportun de les situer après les notes.
À ce stade de la lecture, et en guise d'avertissement à un futur lecteur, je me dois de préciser que l'un des bénéfices de l'introduction à cet ensemble de récits est d'attirer l'attention du lecteur sur l'atmosphère profondément raciste et xénophobe qui régnait à l'époque, Lovecraft n'étant pas en reste en la matière. La lecture peut en effet surprendre tant racisme et xénophobie ordinaires parsèment ses écrits. Le pire, à mes yeux, est que certains des ressorts de l'horreur qu'il prétend décrire relèvent du caractère basané ou métissé de certains de ses personnages, qui sont donc qualifiés de repoussants. Ces prétendues horreurs sont ainsi abondamment mélangées avec d'autres horreurs plus surnaturelles, cœur du récit. Il n'est pas évident pour le lecteur de faire abstraction de cet aspect de l'œuvre, qui entache la qualité du tout à nos yeux du XXIe siècle.
Revenons aussi sur des considérations bassement matérielles qu'il ne faudrait pas éluder : faire tenir tout ceci dans un format ne dépassant pas 109x176x35mm tient du prodige ! Les pages sont épaisses comme du papier à cigarette… et ce n'est pas l'habituel euphémisme. La police de caractère n'est pas en reste, et peut surprendre par sa petite taille.
Mais rien que de bonnes lunettes et quelques précautions de manipulation ne permettent de venir à bout.
Rendez-vous dans près de 700 pages --- idéales pour une lecture estivale.
Notre grève de la faim lui [Tassia sa co-détenue] paraissait un effrayant non-sens qui ne justifiait pas qu'on y laisse la vie. Elle pensait qu'il aurait mieux valu supporter n'importe quelles conditions carcérales, consacrer nos forces à survivre quelles que soient les conditions, plutôt que de mourir de faim sans aucune perspective. Mon opinion était autre. Mourir en prison pour le droit à la vie n'était déjà pas si mal. Bien plus grave était de mourir sans lutter pour obtenir des conditions permettant notre survie. Dans les conditions de l'isolateur politique, les gens perdaient des forces, s'affaiblissaient, tombaient malades, mais ils pouvaient tout de même se maintenir en vie. Dans les conditions imposées par ce durcissement du régime, beaucoup allait périr. Tassia elle-même y survivrait-elle ? Mais je pensais également que nous ne gagnerions rien par cette grève, que la collectivité n'irait pas jusqu'au bout. Si les bolchéviks [les staliniens] instituaient ce régime dans le but de nous anéantir, tous ceux qui n'étaient pas morts pendant leur grève de la faim mourraient ensuite, les uns après les autres. Pourquoi serait-il pire de mourir en combattant, en gardant foi dans la victoire ? Bref, notre mort serait justifiée par notre combat. Tassia hochait la tête négativement. « Notre mort n'aura aucune signification, aucune portée, nous mourrons en vain. « Pourquoi jeûnez-vous, Tassia ? « Comment ne pas jeûner quand tous les camarades le font ? Je n'ai pas le choix. Je ne peux que mourir, bien que tout mon être proteste contre cette mort. Tassia, à sa manière, avait raison. Mais c'était précisément lorsque les gens faisaient la grève de la faim dans cet état d'esprit que la grève était vouée à l'échec.
— Le Sablier by Ekaterina Olitskaia (Page 530 - 531)
A la centrale de Iaroslav, vers 1937, les détenus se lancent dans une grève de la faim.
En 1924, lorsque je suis entrée dans la lutte, j'ai abandonné mon vieux père invalide. Comment aujourd'hui puis-je oser ne pas abandonner ma petite fille ? Comment puis-je demander aux gens de faire acte d'insoumission, de se montrer intransigeants, d'avoir du courage et de se sacrifier si moi-même je ne suis pas résolue à engager le combat ?
— Le Sablier by Ekaterina Olitskaia (Page 429)
Alors qu'une fois libérée elle et son mari s'apprêtent à rentrer en clandestinité.
Alors qu'une fois libérée elle et son mari s'apprêtent à rentrer en clandestinité.
C'est une autobiographie mais le temps passé dans les prisons, isolateurs et camps soviétiques en fond un témoignage sur les prisons pendant la guerre civile puis la dictature stalinienne. Le titre en témoigne, il fait référence au sablier utilisé pour déterminer la durée de promenade des des détenus.
Son livre sortira d'Union soviétique clandestinement dans les années 60.
Olitskaïa nous raconte sa jeunesse dans la campagne russe, dans une famille militante, son père étant un ancien narodniki. Narodnaïa Volia, Volonté du peuple, était une organisation populiste (dans un tout autre sens qu'aujourd'hui) terroriste anti-tsariste. C'est l'ascendance du Parti socialiste-révolutionnaire dont Olitskaïa fera ensuite partie.
Elle est précocement révoltée contre le tsarisme et cette société arriérée. Trop jeune pour participer à la révolution de 1905, elle sera partie prenante de celle de 1917.
Puis le long récit de son emprisonnement, de 1924 à 1947, cela commence avec …
C'est une autobiographie mais le temps passé dans les prisons, isolateurs et camps soviétiques en fond un témoignage sur les prisons pendant la guerre civile puis la dictature stalinienne. Le titre en témoigne, il fait référence au sablier utilisé pour déterminer la durée de promenade des des détenus.
Son livre sortira d'Union soviétique clandestinement dans les années 60.
Olitskaïa nous raconte sa jeunesse dans la campagne russe, dans une famille militante, son père étant un ancien narodniki. Narodnaïa Volia, Volonté du peuple, était une organisation populiste (dans un tout autre sens qu'aujourd'hui) terroriste anti-tsariste. C'est l'ascendance du Parti socialiste-révolutionnaire dont Olitskaïa fera ensuite partie.
Elle est précocement révoltée contre le tsarisme et cette société arriérée. Trop jeune pour participer à la révolution de 1905, elle sera partie prenante de celle de 1917.
Puis le long récit de son emprisonnement, de 1924 à 1947, cela commence avec un régime politique privilégié, relativement aux droits communs, et ce, dans une Russie aux abois après la grande boucherie puis la guerre civile. Puis, avec la stalinisation, les conditions des « zeks », abréviations désignant les détenus, vont s'aggraver pour culminer au moment la terreur et les purges massives en 1937.
Elle raconte l'effervescence de la révolution, l'enthousiasme déclenché car la création d'une société nouvelle était à portée de main. Puis la guerre civile, la « dékoulakisation » aussi absurde qu'ignoble.
Elle fait montre d'une grande confusion dans sa compréhension des événements. Et pour cause, cette révolution dégénérant dans un régime abject et inédit dans l'histoire en a perdu politiquement plus d'un. Elle, déjà en prison, ne verra qu'une continuité entre bolchévisme et sa négation, le stalinisme. Surtout qu'elle élude complètement des épisodes historiques qui permettraient de comprendre la situation. Ainsi, pas un mot sur les causes de la répression des menchéviks et des « SR de gauche », de la trahison initiale des premiers à la volte-face des seconds qui, après avoir fait partie du jeune gouvernement révolutionnaire tenteront de le renverser, renouant avec le terrorisme.
Elle raconte la lutte déterminée que les détenus entament pour tenter de sauver le régime politique. L'animation intellectuelle de ces militants dans les camps.
Une fois libérée, détermination encore, elle retourne en clandestinité avec son mari, confiant son enfant à sa belle-mère.
Rapidement arrêtés, une détenue lui dira, en substance :
Tu as bien fait, car maintenant toi au moins, tu sais pourquoi tu es là.
Elle voit arriver les flots d'oppositionnels, trotskystes surtout, puis des staliniens zélés qui ne comprennent pas ce qui leur arrive.
Elle verra avec ces derniers la déliquescence morale. Au point que les droits communs, auparavant, avec moins de principe et de morale, deviendront plus humains que la lie d'un parti devenu son antithèse recrutant affairistes, opportunistes et délateurs.
D'une profonde humanité, d'une rigueur morale et de principe exemplaire, malgré ce qu'elle voit, cela prend aux tripes.
Je ne conseille guère ce livre sans un minimum de repères historiques. Il y a peu de dates, il y a des références à des militants politiques, des événements, qui ne sont pas évidents à suivre. Mais surtout, ces omissions rendent le récit lacunaire et la compréhension parcellaire. Je le conseille pour voir ce que peut-être la détermination et la force morale d'une militante.
Un témoignage majeur, sans doute avec celui de Chalamov, lui aussi SR, sur la Kolyma.
Un livre très détaillé sur le scandale du chlordécone. Peut-être un peu trop, je confesse avoir parcouru en diagonale certaines pages. Mais c’est une lecture très utile en ce moment, parce qu’elle explore dans le détail un des scandales sanitaires emblématiques de notre époque, en montrant toute sa complexité, sans manichéisme. C’est une lecture déprimante également, en ce qu’elle montre que l’histoire se répète, que nous n’apprenons rien. Le chlordécone n’est qu’un des nombreux empoisonnements de masse auxquels nous sommes confrontés. Et les mécanismes sous-jacents sont toujours les mêmes. Appât du gain, adhésion au mythe de la croissance à tous prix, dilution des responsabilité, vaste production d’ignorance pour empêcher le débat et les réactions, et finalement, des mesures qui visent essentiellement à apprendre à vivre avec la catastrophe. Il faut saluer l’enquête extrêmement documentée de Jessica Oublié. En complément du livre, toutes ses sources sont apparemment disponibles via une application …
Un livre très détaillé sur le scandale du chlordécone. Peut-être un peu trop, je confesse avoir parcouru en diagonale certaines pages. Mais c’est une lecture très utile en ce moment, parce qu’elle explore dans le détail un des scandales sanitaires emblématiques de notre époque, en montrant toute sa complexité, sans manichéisme. C’est une lecture déprimante également, en ce qu’elle montre que l’histoire se répète, que nous n’apprenons rien. Le chlordécone n’est qu’un des nombreux empoisonnements de masse auxquels nous sommes confrontés. Et les mécanismes sous-jacents sont toujours les mêmes. Appât du gain, adhésion au mythe de la croissance à tous prix, dilution des responsabilité, vaste production d’ignorance pour empêcher le débat et les réactions, et finalement, des mesures qui visent essentiellement à apprendre à vivre avec la catastrophe. Il faut saluer l’enquête extrêmement documentée de Jessica Oublié. En complément du livre, toutes ses sources sont apparemment disponibles via une application mobile.
La coopération entre la SS et les hommes d'affaires était excellente; Höss, d'Auschwitz, certifia qu'il avait entretenu des relations sociales très cordiales avec l'IG Farben. Pour ce qui est des conditions de travail, l'idée était explicitement de tuer par le travail ; selon Hilberg, vingt-cinq mille Juifs au moins moururent sur les quelque trente-cinq mille qui travaillaient pour une usine d'IG Farben.