Citadins de demain

D'abord j'ai trouvé l'histoire longue à se mettre en place. Dès les premières pages, on sait qu'il va y avoir une catastrophe, la narratrice nous le dit, mais il faut attendre longtemps avant de commencer à l'entrevoir. Ensuite je n'ai pas vraiment aimé le personnage d'Amalia, la narratrice. Je l'ai trouvé agaçante. Amalia étant une aristocrate adolescente, c'est toutefois tout à fait normal qu'elle m'agace. Donc j'ai trouvé le personnage très bien écrit. Et puis tout à coup tout s'accélère. Sans crier gare, l'histoire devient même flippante. Impossible de lâcher la lecture ! Plein de questions qui surgissent. C'est quoi cette magie, cet ensorcellement, ce sortilège ? Et alors la catastrophe ! Ce premier tome se finit sur un évènement brutal et si rapide que les personnages n'ont le temps ni de le voir venir, ni de réaliser réellement ce qu'il se passe. Un cliffhanger qui ne peut que donner envie de se ruer sur le tome 2 !

Finalement, j'ai commencé la lecture en mode bof et je l'ai fini en mode woh.

Côté écriture, j'avoue avoir été surprise au début de lire des conjugaisons aux premières et deuxièmes personnes du passé simple. On ne voit pas si souvent des personnages qui parlent en langage soutenu.

Une chouette lecture. Je suis obligé de passer par la comparaison avec son tome parallèle (enfin, non, rien ne m'y oblige, mais disons que j'y suis poussé), et je l'ai trouvé plus convaincant. Cependant, cela ne signifie pas que l'on peut se passer de l'une des deux villes : les romans sont faits pour fonctionner ensemble, les renvois de l'un à l'autre sont efficaces, et permettent de mieux les comprendre.
J'ai été séduit par l'idée de base, exploitée jusque dans le style. Les personnages sont intéressants, les relations du trio sont très bien creusées et les personnages secondaires ne déméritent pas. L'ambiance néerlandaise m'a plu, et on ne va pas se mentir, c'est toujours agréable de voir de la fantasy qui explore d'autres régimes politiques que le féodalisme. Et les intrigues politiques, dans lesquelles s'intègre avec beaucoup d'intérêt l'éducation particulière qu'a reçu le trio, sont entraînantes. Les questionnements autour des enjeux de l'existence d'une élite intellectuelle me tiennent à coeur, donc oui, je suis entré dans ce roman avec plaisir. L'idéal illusoire d'une éducation parfaite, la confrontation avec le réel, l'alliance de la naïveté et de l'ambition dangereuse (même si cette dernière ne sera pas politique), la place de ceux qui n'appartiennent pas à l'élite... J'aurais voulu que le tome soit plus long !
La construction de l'intrigue est vraiment bien pensée, malgré quelques moments plus lents (et d'autres qui ne sont pas assez développés à mon goût !). Si je devais faire un reproche, ce serait aussi sur la qualité et l'originalité de ce roman : le style. Je ne sais pas, j'ai eu l'impression que le registre soutenu n'était pas assumé jusqu'au bout. Le résultat était assez hétérogène. C'est un choix aussi, qui se défend, de mélanger plusieurs registres, mais j'ai trouvé que c'était maladroit par endroits. L'ensemble aurait pu être plus abouti. Mais peut-être suis-je trop sévère, car cela reste très efficace, le personnage d'Amalia est parfaitement représenté par son écriture.