« Je l’avoue, c’est un bien curieux mot que ce “nous”. Et si j’ai grand-peine à me convaincre qu’une telle unité soit possible, je ne me résous pas à l’idée que tout n’aura pas été tenté. Aussi, faut-il commencer par ce qui l’empêche. »
C’est peu dire que le terrain est miné : un État-nation bâti sur l’esclavage et la colonisation, des organisations politiques fidèles au pacte national-racial, un chauvinisme de gauche qui a progressivement éteint l’internationalisme ouvrier, une société civile indifférente aux ravages de l’impérialisme, et la profonde « asymétrie des affects » entre petits-Blancs et sujets postcoloniaux. Telles sont quelques manifestations de « l’État racial intégral » disséqué dans la première partie de ce livre. La seconde partie propose une réflexion stratégique sur son dépassement car, on l’a vu encore récemment, l’État racial intégral comporte des brèches, colmatées faute d’avoir été consciemment élargies. C’est là qu’il faut « …
« Je l’avoue, c’est un bien curieux mot que ce “nous”. Et si j’ai grand-peine à me convaincre qu’une telle unité soit possible, je ne me résous pas à l’idée que tout n’aura pas été tenté. Aussi, faut-il commencer par ce qui l’empêche. »
C’est peu dire que le terrain est miné : un État-nation bâti sur l’esclavage et la colonisation, des organisations politiques fidèles au pacte national-racial, un chauvinisme de gauche qui a progressivement éteint l’internationalisme ouvrier, une société civile indifférente aux ravages de l’impérialisme, et la profonde « asymétrie des affects » entre petits-Blancs et sujets postcoloniaux. Telles sont quelques manifestations de « l’État racial intégral » disséqué dans la première partie de ce livre. La seconde partie propose une réflexion stratégique sur son dépassement car, on l’a vu encore récemment, l’État racial intégral comporte des brèches, colmatées faute d’avoir été consciemment élargies. C’est là qu’il faut « enfoncer le clou et aller à la recherche de l’intérêt commun », construire une politique décoloniale, inventer une dignité blanche concurrente de celle de l’extrême droite, défendre l’autonomie indigène et accepter de se salir les mains en ferraillant contre le consensus raciste. Alors, contre le bloc bourgeois occidental ébranlé par les crises qu’il a lui-même provoquées, pourra se nouer l’alliance inédite des beaufs et des barbares.
Houria Bouteldja
Houria Bouteldja est une militante décoloniale. Elle est cofondatrice du Parti des Indigènes de la république qu'elle quitte en 2020. Elle est l'autrice avec Sadri Khiari de Nous sommes les indigènes de la république, et de Les Blancs, les Juifs et nous. Elle est actuellement membre de la rédaction du QG décolonial et du média Paroles d'honneur.
Le livre est divisé en deux parties, la première décrit l’histoire de la formation du capitalisme concommitamment à celle du racisme, puis enchaîne sur l’évolution du positionnement de la gauche sur en France sur les questions de l’esclavage, du racisme et du Sud. (Notamment, le PCF en prend pour son grade.) C’est extrêmement instructif et accessible. Cela fait remettre beaucoup de choses en perspective si comme moi tu n’es pas particulièrement au fait de la pensée décoloniale.
La seconde partie est stratégique. Et c’est passionnant. Déchirant aussi. Elle en fera tiquer beaucoup, mais je pense qu’elle fera date et qu’il y a beaucoup à en tirer. No spoilers.