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Dominique Bourg, Johann Chapoutot: "Chaque geste compte" (French language, 2022, Gallimard) 1 star

"Jamais la puissance publique n’aura à ce point démissionné devant des enjeux vitaux, pour aujourd’hui …

L'impuissance de gauche

1 star

La collection Tracts de Gallimard édite un pamphlet de deux universitaires de gauche sur l'impuissance de l'Etat face aux crises multiples de la période.

Chapoutot est spécialiste du nazisme.

Nous avons droit à un inventaire de toutes les fables de la gauche gouvernementale, rendues encore plus ridicules en ces temps de conjonction de crises multiples du capitalisme.

  • Néolibéralisme : le mot est employé autant que capitalisme. Il laisse entendre qu'il pourrait y avoir une autre politique grâce à un autre gouvernement.

  • Fascisme : ils parlent de «carbofascisme» pour parler des compagnies et monarchies pétrolières. Qu'un spécialiste du nazisme invoque le fascisme pour cela pourrait laisser perplexe.

  • Front populaire : c'est la grève générale avec occupation qui a permis les avancées, pas le gouvernement de Blum.

  • CFC : pour accréditer la fable que des avancées peuvent être faites sous le capitalisme. Sauf que les CFC sont un archétype : c'est la fin de brevets et l'alternative déjà prête (HFA) des leaders du marché, DuPont de Nemours et Arkema, qui ont permis cela.

  • les gouvernants sont forcenés, crétins, aveugles : non, seulement conséquents au service de leur maîtres. Gauche comprise. L'exemple de Trump est un classique aussi. Réactionnaire, borné, certainement pas idiot ou fou, il a seulement défendu ses intérêts et ceux de ses congénères de manière outrancière.

  • L'absence des mots socialisme, communisme, révolution ou même lutte de classe est, elle aussi, symptomatique.

Nous n'aurons rien sur les raisons des échecs successifs des gouvernements de gauche.

Il y a des passages intéressants sur le constat : que ce soit les colliers électroniques pour les gardes des milliardaires. Que cette société gaspille, par sa violence et ses limitations, également tant de talents humains et d'énergie. En somme, derrière un ton cinglant, un constat connu et une conclusion pathétique.

C'est-à-dire ramener cela à un problème moral, d'intelligence et de responsabilité au gourvenement pour finir par l'inccitation à lire Heidegger,Adorno ou Hockeimer.

p.12 sur Biden et le pape qui étonnent les auteurs. Que diraient-ils de Mitterrand ou de Keynes ? Voilà la gauche aujourd'hui, s'étonner des propos du pape.
p.19 «Notre conviction est que, face l'intensification des dommages causés par le dérèglement du système Terre, face à la prise de conscience croissante du délire que l'on nous impose et en raison de l'évolution du droit, ces gens-là seront sous peu passibles de juridictions pénales internationales.» Les accords de Bâle étaient censés éviter une crise systémique, les accords de Paris et la bourse au carbone permettre l'endiguement du réchauffement climatique, les politiques publiques de réduire le chômage, l'ONU les guerres, etc.
p.24 «Cette illimistisme a des racines profondes, il constitue même un des ressorts de notre modernité. Nous avons en effet conçu la science moderne et ses débouchés techniques comme ce qui allait nous permettre de faire «reculer» indéfiniment les «bornes de la nature», selon l'expression de Bacon, de surmonter toutes les aspérités et obstacles que la nature pouvait nous opposer.» L'idéalisme philosophique rend aveugle à l'histoire. La science et les techniques ont permis une emprise sur la nature, pour nous nourrir, nous soigner nous développer, explorer l'espace. Mais elles ne sont en rien responsables de la destruction de la nature et de ses ressources. Cette confusion entre la science et son utilisation sociale est elle-même limitante.
p.25 «Or la logique néolibérale de la destruction de l'Etat (sauf dans son versant répressif, ...) fait sauter cette limite politique : un pouvoir aux mains de forcenés sert sans même se cacher des intérêts privés opposés au bien public et met fin à l'existence de l'Etat comme tiers, en surplomb, garant de l'intérêt général.»  C'est en fait la destruction non pas de l'Etat mais de l'illusion d'un Etat en surplomb et des oripeaux qui permettaient de le faire croire. En période de crise, l'Etat va apparaître de plus en plus pour ce qu'il est : la structure de défense des intérêts de la classe dominante.
p.33 après l'androcène de S. Rousseau, le capitalocène et le mécanocène. Nous sommes à l'holocène, c'est une période géologique. Si l'on peut discuter de la pertinence du terme anthropocène, le reste est du bullshit.
p.48 «...bref un durcissement croissant de la logique néolibérale (atomisation de la société et protection des profits et patrimoines de quelques-uns par une force «publique» de fait privatisée), qui confie la _gestion_ des _externalités négatives_ à la police ou à l'armée.»  La crise fait découvrir à ces gens la véritable nature de l'Etat et celle du capitalisme.
p.50 «Il faudrait pour cela des «responsables» politiques vraiment responsables [...] et non des _managers_ décérébrés...» Encore une fois ces gens sont responsables, non vis-à-vis de la société mais de leurs maîtres.