J’avais décidé d’apprendre un nouveau rire, par la volonté. Je me mettais devant un miroir et tous les jours je m’entraînais à rire autrement, moins fort, avec la bouche moins grande ouverte, moins expressive. Je m’entraînais à rire avec un rire plus conforme à ma nouvelle vie, à mon nouveau monde, à Elena et à l’urgence de ma métamorphose. Quand j’étais avec des amis au lycée, […] et qu’ils disaient quelque chose de drôle, j’essayais de rire avec mon nouveau rire, même dans les moments les plus drôles, les moments où par définition, une personne se laisse aller, perd le contrôle, je devais rester concentré pour rire avec le nouveau rire, celui que j’avais inventé face au miroir.
Petit à petit, progressivement, ce rire artificiel, mimé, est devenu mon rire.