octalish quoted Les corps abstinents by Emmanuelle Richard
Je me remets à écrire, à fabriquer un livre. Je m'immerge dans le corps-à-corps du travail. Seule et solide, debout. J'oublie presque le manque du toucher dans la joie du labeur et de l'autonomie. J'oblitère presque la question du contact. La plupart du temps je n'y pense plus. Je sublime. Je me sens forte, et pour la première fois, complète sans amour, sans autre. Le sexe et l'amour ont longtemps été un but en soi chez moi, ils deviennent un à-côté. J'espère que ça ré-arrivera un jour, mais je peux tenir debout sans. À partir de cet instant, enfin reconstruite, en pleine possession de tous mes moyens, avec ce choix plein et entier d'être seule, j'arrête d'attendre. Le manque disparaît. C'est le vide qui le remplace. Or le vide, c'est l’attente apaisée sans attendre, la porte ouverte aux possibles et la multiplicité des futurs. Le vide c'est rien, c'est grand et c'est beau.
— Les corps abstinents by Emmanuelle Richard (Page 204)