zemoko started reading Catan by Klaus Teuber
Catan by Klaus Teuber
Le roman officiel de Catan, écrit par lauteur du célèbre jeu juste avant sa mort.Norvège, 860. Asla, la fille du …
À la fois travailleur et dinosaure du web. Expert et défenseur de l’accessibilité numérique, soucieux de privacy, angoissé du climat (born in 331 PPM), adepte du vélotaf, fan de lomo… mais, plus que tout, partageur de lectures ! (il/he)
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Le roman officiel de Catan, écrit par lauteur du célèbre jeu juste avant sa mort.Norvège, 860. Asla, la fille du …
« Nous », c’est une dystopie, dans un monde un peu rétro, un peu vintage (disons années 80 car on y croise des minitels et des walkmans). Dans ce monde, tout le monde a un instinct, contre lequel il ne peut lutter. On nait avec, il se révèle pendant l’enfance, puis on le développe pour le bien du Nous. Les grandes catégories d‘instincts peuvent être réparer, soigner, écouter ou protéger, mais il existe des multitudes de déclinaisons, et de portées. Tout le monde a un instinct, et l’utilise pour le bien du « Nous », c’est-à-dire pour le bien commun devant lequel l’individuel s’efface. Pas de place à l’individuel, cela veut dire aussi que le Nous est à la fois le principe qui régit ce monde, mais c’est aussi sa religion et son gouvernement, via la Bureaucratie Instinctive, constituée de « Saints », c’est à dire de personnes qui ont …
« Nous », c’est une dystopie, dans un monde un peu rétro, un peu vintage (disons années 80 car on y croise des minitels et des walkmans). Dans ce monde, tout le monde a un instinct, contre lequel il ne peut lutter. On nait avec, il se révèle pendant l’enfance, puis on le développe pour le bien du Nous. Les grandes catégories d‘instincts peuvent être réparer, soigner, écouter ou protéger, mais il existe des multitudes de déclinaisons, et de portées. Tout le monde a un instinct, et l’utilise pour le bien du « Nous », c’est-à-dire pour le bien commun devant lequel l’individuel s’efface. Pas de place à l’individuel, cela veut dire aussi que le Nous est à la fois le principe qui régit ce monde, mais c’est aussi sa religion et son gouvernement, via la Bureaucratie Instinctive, constituée de « Saints », c’est à dire de personnes qui ont sauvé des vies grâces à leurs instincts (11 vies sauvées font de vous un vertueux, 101 vies pour un ange, et ainsi de suite avec les archanges, les trônes, les chérubins, les séraphins, etc).
Le roman donne la parole à de multiples personnages, un par chapitre, mais deux sont nos personnages principaux : - Claire est une confidente, un instinct qui force à écouter tout ce que les autres ont à vous dire. Les confidents se promène donc avec un baladeur sur les oreilles pour les protéger de cet instinct qui serait sinon bien trop envahissant. Quand ils retirent leurs casques, les gens ne peuvent pas, sans leur accord, leur parler en employant plus de 10 mots. - Goliath est un protecteur, un instinct qui pousse à sauver les gens, y-compris lorsque cela vous met en danger. Les protecteurs sont souvent bien amochés, et c’est bien le cas de Goliath qui a notamment perdu ses 2 bras en intervenant sur un incendie (il a désormais 2 prothèses à la place de ses bras).
Principes instinctifs : 1. Tout le monde a un Instinct. 2. Toujours se fier à son Instinct. 3. Tous les instincts sont égaux. 4. Il n’y a que de Hauts Instincts. 5. Mentir sur son Instinct est illégal. 6. L’abus d’Instinct est un crime. 7. L’Instinct sait où, quand, comment. 8. Tu n’as pas à savoir pourquoi. 9. La Bureaucratie Instinctive a toute autorité.
J’ai beaucoup aimé la richesse de ce nouveau monde imaginé par Christelle Dabos. Il est complexe mais revelé petit à petit au lecteur, ce qui participe à le rendre à la fois passionannt et intriguant. Les aspects retro sont une belle trouvaille, car ils permettent de se projet pour mieux imaginer ce monde qui sans cela serait sans doute difficile à concevoir.
D’abord polar, pour la première partie, puis roman d’action et d’aventure pour la seconde… c’est avant tout un roman inclassable, un OLNI (Œuvre Littéraire Non-Identifiée) comme je les aime. C’est un roman jeunesse, mais comme toute bonne dystopie, il pousse à la réflexion : sur la valeur de l’individu, y-compris sur ce que son indivualité apporte au collectif, et sur le fait qu’à l’inverse, une limitation de son libre-arbitre ne rends pas forcément le collectif plus fort. Bref, il nous fait nous interroger sur notre vision du Monde. De nouveau, un imaginaire foissonnant au bénéfice d‘un roman passionnant.
NOUS est une Fantasy dystopique et vintage. Je renoue avec mes vieilles amours en vous invitant dans un monde qui …
NOUS est une Fantasy dystopique et vintage. Je renoue avec mes vieilles amours en vous invitant dans un monde qui …
Au début des années 2000, j’avais adoré la Trilogie Martienne de Kim Stanley Robinson qui racontait la colonisation de Mars (et qui, soit dit en passant, a inspiré le jeu Terraforming Mars).
Quelques années plus tard (en 2008 genre), j’avais également beaucoup aimé sa Trilogie Climatique qui relatait, déjà, les impacts du changement climatique. C’est dire si j’attendais avec impatience ce nouveau roman !
L’histoire de The ministry for the future commence au début des années 2020. Une vague de chaleur hors-norme s’abats sur l’Inde, faisant 20 millions de morts en à peine une semaine. Le premier des protagonistes que l’on suivra, Franck May, est un humanitaire américain qui y survit, de justesse et avec de sévères troubles post-traumatiques.
Ce n’est qu’une introduction car le changement climatique est en marche. Le constat à faire sur l’Accord de Paris est sans appel : les objectifs que se sont fixés les États …
Au début des années 2000, j’avais adoré la Trilogie Martienne de Kim Stanley Robinson qui racontait la colonisation de Mars (et qui, soit dit en passant, a inspiré le jeu Terraforming Mars).
Quelques années plus tard (en 2008 genre), j’avais également beaucoup aimé sa Trilogie Climatique qui relatait, déjà, les impacts du changement climatique. C’est dire si j’attendais avec impatience ce nouveau roman !
L’histoire de The ministry for the future commence au début des années 2020. Une vague de chaleur hors-norme s’abats sur l’Inde, faisant 20 millions de morts en à peine une semaine. Le premier des protagonistes que l’on suivra, Franck May, est un humanitaire américain qui y survit, de justesse et avec de sévères troubles post-traumatiques.
Ce n’est qu’une introduction car le changement climatique est en marche. Le constat à faire sur l’Accord de Paris est sans appel : les objectifs que se sont fixés les États signataires, pourtant notoirement insuffisants, ne sont jamais atteints. En conséquence, les catastrophes se succèdent tandis que que le business as usual perdure.
Le titre du roman, c’est le nom de cette nouvelle institution créée pour dépasser ce constat. Partant du principe que le changement climatique a un impact direct sur les générations futures. Elles sont sont donc lésés, sans jamais être représentées politiquement. La mission du Ministère du futur sera donc de les représenter. Le second protagoniste du roman, Mary Murphy, est la première à endosser le poste de Ministre du futur.
D’abord passablement impuissant, on verre le Ministère gagner en importance et en influence pendant les 30 années que couvre le roman.
Comme d’habitude (pour les romans de Kim Stanley Robinson), c’est un roman très documenté et parfaitement crédible. Catastrophes climatiques, érosion de la biodiversité, réfugiés climatiques… le roman traite autant de sciences dures que de sciences molles.
On y croise d’autres points de vue que ceux de Franck et de Mary, notamment des mouvements citoyens radicalisés, les Enfants de Kali, qui s’en prennent aux milliardaires, aux centrales à charbon, aux avions de lignes, etc. C’est une évolution qui m’a fait penser au livre « How to blow up a pipeline » d’Andreas Malm qui s’étonnait que la crise climatique n’ait pas encore entrainé plus de radicalisation et soutenait que le sabotage est une forme logique d’activisme climatique. On notera d’ailleurs que Badim, le chef de cabinet de Mary, gère une division occulte du ministère qui assume de faire appel à des moyens violents pour permettre au Ministère d’atteindre ses objectifs.
C’est un roman bienvenu, car il décrit parfaitement bien la catastrophe en cours, et le peu de réactions des pouvoirs politiques et économiques, mais c’est aussi un roman optimiste car Kim Stanley Robinson mise sur le fait qu’entre radicalisation écologique (ce qui est donc aussi la thèse d’Andreas Malm) et nouveaux modèles inventés par différents pays du Monde (dont l’Inde, traumatisée par la vague de chaleur mortelle qu’elle a subie), l’humanité va réussir à stabiliser puis inverser le changement climatique.
C’est réaliste, et étayé. De multiples solutions sont en effet décrites, et appliquées : géo ingénierie, agriculture régénératrice, projets pharaoniques pour ralentir la fonte des pôles, avions et bateaux neutres en carbones. C’est intéressant… mais j’ai mes doutes. Je trouve certaines technologies, même si c’est de la fiction et même si on considère que ce serait en 2050, trop proches du technosolutionnisme de certains… Technosolutionisme que je trouve dangereux. Je suis perplexe notamment sur la possibilité d’avoir des avions qui pourraient devenir neutres…
Mais c’est presque sur le plan politique que j’ai eu le plus de doutes. L’un des points de bascule vient d’une idée du Ministère, une crypto monnaie carbone garantie 100 ans par les principales banques centrales. Le roman montre la difficulté à porter cette idée et à la faire aboutir, ce n’est pas le problème… mais il y arrive… Je dois être désabusé mais j’ai beaucoup de mal à imaginer que ces organisations puissent céder sur un tel projet, même difficilement.
Cela reste néanmoins un très grand roman que j’ai beaucoup apprécié et que je conseille fortement. Il pose impeccablement le problème et propose une réflexion détaillée, et a le mérite de traiter aussi de solutions au problème climatique (je retiens, pour ma part, la nécessité d’une radicalisation si on veut faire bouger les choses…).
Je n’ai pas l’habitude de lire des essais (oui, c’est un essai, pas un mode d’emploi qui vous appendrait à saboter un pipeline !)… mais je m’interroge de plus en plus sur notre (in)capacité à agir collectivement alors que le changement climatique est en marche. Après un roman de SF anticipant sur les 30 années à venir, Ministry for the future, j’ai enchainé avec la lecture de « Comment saboter un pipeline » d’Andreas Malm, livre que j’avais acheté après avoir été voir le film éponyme qui est un thriller, excellent, dont l’histoire s’inspire des idées avancées dans ce livre).
Andreas Malm est historien et militant du climat. En tant qu’historien, il s’intéresse à ce que l’on appelle désormais l’anthropocène, c’est-à-dire cette période que nous vivons depuis la révolution industrielle et qui peut être vue comme une époque géologique puisque nos sociétés humaines impactent les paramètres climatiques et écologiques de …
Je n’ai pas l’habitude de lire des essais (oui, c’est un essai, pas un mode d’emploi qui vous appendrait à saboter un pipeline !)… mais je m’interroge de plus en plus sur notre (in)capacité à agir collectivement alors que le changement climatique est en marche. Après un roman de SF anticipant sur les 30 années à venir, Ministry for the future, j’ai enchainé avec la lecture de « Comment saboter un pipeline » d’Andreas Malm, livre que j’avais acheté après avoir été voir le film éponyme qui est un thriller, excellent, dont l’histoire s’inspire des idées avancées dans ce livre).
Andreas Malm est historien et militant du climat. En tant qu’historien, il s’intéresse à ce que l’on appelle désormais l’anthropocène, c’est-à-dire cette période que nous vivons depuis la révolution industrielle et qui peut être vue comme une époque géologique puisque nos sociétés humaines impactent les paramètres climatiques et écologiques de notre planète
Le début du livre fait, et c’est logique, le même constant affligeant que dans « Ministry for the future » : - La COP1 s’est tenu à Berlin en 1995. Depuis, les émissions annuelles de CO2 dans le monde ont augmenté de 60 %. - La COP10 s’est tenu en 2004. 49 % des équipements mondiaux dans le secteur des énergies fossiles ont été mis en service après cette COP. - En 2023, les investissements se poursuivent dans ce domaine, dans des projets dans les durées de vie escomptée sont d’une quarantaine d’années, prouvant que les capitalistes ne croient pas à une future politique pour le climat.
On peut faire un constat similaire pour la société civile, notamment occidentale : - Le pourcent le plus riche de la planète a une empreinte carbone 175 fois supérieure à celle des 10 % les plus pauvres - Les SUV sont le deuxième facteur le plus important d'augmentation d'émission de CO2 depuis 2010. À eux seuls, ils ont réduit à néant les progrès techniques et technologiques fait sur les motorisations des véhicules.
Kim Stanley Robinson imaginait un changement provoqué par les catastrophes résultants du changement climatique, Andreas Malm, lui, s’interroge sur le peu de réactions de nos sociétés ainsi que sur l’absence quasi-totale de violence chez les écologistes.
Des mouvements pour le climat qui font le choix de la non-violence
Il liste les mouvements pour le climat, de Greta Thunberg qui a déclenché Friday for Future à Ende Gelände en passant par Extinction Rébellion (XR), et note que tous ont opté pour un pacifisme stratégique, ce qu’il explique par un trop grand respect de la propriété privée, par l’effondrement de l’idée révolutionnaire dans les pays du Nord, et par une politisation insuffisante. Nous sommes trop gentils, trop éduqués, trop peu impliqués.
Ce choix est par ailleurs assumé par nos mouvements écologiques et se résume dansr la doctrine d’XR « la violence commise par les mouvements sociaux les éloigne systématiquement de leur objectif » mais il note que cette conception de l’histoire est faussée par l’idée que les grands combats sociaux et politiques du XXe siècle aient été remportés grâce aux pacifistes.
Ce que nous apprennent les luttes passées
Cette idée, Andreas Malm la remet en cause en revenant alors sur ces luttes passées (abolitionnistes, suffragettes, décolonisation, Apartheid, lutte pour les droits civiques aux USA, etc.) et démontre que les formes de mobilisations violentes ont participé à leurs victoires, ce que les théoriciens des mouvements pour le climat semblent oublier.
Sa thèse, c’est que sans l’existence d’un flanc radical, ces mouvements n’auraient pu obtenir gains de cause.
Sans Malcom-X, pas de Martin Luther King (et vice-versa).
Si le mouvement des droits civiques a pu arracher le Civil Rights Act en 1964 mettant fin à la ségrégation raciale, c’est bien parce qu’aux yeux de l’État, ces militants pacifiques apparaissaient comme un moindre mal comparé à la menace représentée par les militants radicaux. En Afrique du Sud comme lors de grands mouvements ouvriers en Europe, c’est également la constitution d’un flanc radical qui a permis de nombreuses avancées sociales ou politiques.
Aucun discours ne poussera jamais les classes dirigeantes à agir. Rien ne saurait les persuader ; plus les sirènes hurleront, plus elles alimenteront le feu, si bien que le changement de cap devra leur être imposé. Le mouvement doit apprendre à déstabiliser le business-as-usual.
Il rappelle enfin qu’il ne faut pas s’en tenir à ce bilan peu glorieux, et qu’il ne faut pas céder à l’éco-anxiété stérile ou à l’immobilisme. Il est techniquement possible de limiter le réchauffement à 1,5°C, en instituant « une prohibition mondiale de tout nouveau dispositif émetteur de CO2, et en réduisant les durées de vie des infrastructures existantes des combustibles fossiles. Il est évident que l’État ne s’attaquera jamais à la propriété capitaliste, et que ce ne sont pas les mouvements pour le climat dans leur configuration actuelle qui pourront le pousser à agir. Dès lors, la seule solution est de dépasser le pacifisme en intégrant dans notre panel d’actions le sabotage des infrastructures climaticides.
Des traditions de sabotage des énergies fossiles existent...
Des traditions de sabotage des énergies fossiles existent d’ailleurs, mais aucune n’a été réalisée au nom du climat.
En Occident également, quelques épisodes isolés de destruction de biens tactiques ont empêché le fonctionnement ou la construction d'infrastructures émettrices de CO2 (Notre-Dame-des-Landes en France, Hambach en Allemagne, Standing Rock aux USA) mais de manière générale, cette stratégie reste largement inexplorée, alors même que l'économie fossile est l’un des principaux responsable du réchauffement climatique. Sa conclusion, logique, est donc que « La question n'est pas de savoir si nous pouvons limiter le réchauffement, mais si nous choisissons de le faire » appelant les mouvements pour le climat à accepter la possibilité d'actions directes, offensives… rejoignant, là-encore, « Les enfants de Kali » ou la division occulte du Ministère du futur du roman de Kim Stanley Robinson !.
La violence comporte des périls, mais le statu quo nous condamne. Nous devons apprendre à lutter dans un monde en feu.
Que dire de plus ? Qu’il est temps de se rebeller.
Depuis que j’ai découvert Laurent Gaudé grâce au magnifique La mort du roi Tsongor, puis qu’il a su me faire ressentir la chaleur du sud de l’Italie dans Le soleil des Scorta, j’admire cet auteur et j’apprécie son oeuvre toujours si variée et si intense.
Oui, mais.
Oui, mais les terrasses dont il est question, ici, ce sont les terrasses du Carillon, du Petit Cambodge et de la Belle Équipe, et le jour dont il est question, ici, c’est le vendredi 13 novembre 2015.
J’avais acheté le livre dès sa sortie, comme une évidence… mais je n’étais pas sûr d’être prêt à le lire. Je ne suis pas une victime des attentats du 13 novembre, mais j’en suis sorti meurtri, profondement meurtri. Parce que j’étais parisien, parce que j’étais jeune, parce que je me suis senti blessé dans mon mode de vie autant que dans mon humanité. J’apprehendais donc cette …
Depuis que j’ai découvert Laurent Gaudé grâce au magnifique La mort du roi Tsongor, puis qu’il a su me faire ressentir la chaleur du sud de l’Italie dans Le soleil des Scorta, j’admire cet auteur et j’apprécie son oeuvre toujours si variée et si intense.
Oui, mais.
Oui, mais les terrasses dont il est question, ici, ce sont les terrasses du Carillon, du Petit Cambodge et de la Belle Équipe, et le jour dont il est question, ici, c’est le vendredi 13 novembre 2015.
J’avais acheté le livre dès sa sortie, comme une évidence… mais je n’étais pas sûr d’être prêt à le lire. Je ne suis pas une victime des attentats du 13 novembre, mais j’en suis sorti meurtri, profondement meurtri. Parce que j’étais parisien, parce que j’étais jeune, parce que je me suis senti blessé dans mon mode de vie autant que dans mon humanité. J’apprehendais donc cette lecture comme j’appréhende, en ce moment même. l’écriture de ce billet (2015, dans les jours qui ont suivi les attentats, je n’avais plus de mots). Je me suis finalement senti prêt, suffisament prêt en tout cas, et je me suis plongé dans la lecture de Terrasses, 138 pages qui se lisent comme un souffle, mais une lecture dont on ne sort pas indemne. Nous ne serons plus jamais les mêmes… mais nous n’oublierons pas.
Je ne vous ferais pas le pitch aujourd’hui, cela ne s’y prète pas, mais je veux saluer la structure du livre qui arrive, avec une grande pudeur et une économie de mots, à raconter l’indicible, en rendant leurs voix à ceux qui était aux terrasses ou en concert au Bataclan, mais aussi aux passants, assistant par hasard à une scène de guerre dans un pays en paix, aux policiers arrivés sur place en premier, aux membres du GIGN qui sont intervennus ensuite, aux secouristes et aux pompiers qui leurs ont succédé, mais aussi aux familles anxieuses qui durant tout ce temps n’arrivaient plus à joindre leurs proches, sans oublier les standardistes et les soignants aussi qui se sont pris la vague des blessés et des morts et qui ont du y faire face… Les mots et les paroles se mélangent et le lecteur suit la chronologie du drame comme s’il y était, et cette manière de raconter les évènements qui s’enchainent, inexorablement, permet d’en ressentir toute la gravité, mais aussi de rentrer en empathie avec ces multiples destins invoqués par la magie des mots. Une lecture dont on ne sort pas indemne
Vous l’aurez compris, j’ai été bouleversé par ce roman qui fait mal autant qu’il fait du bien.
Il m’a fait mal car les évènements continuent de me heurter, que la douleur et la tristesse sont encore là, pas bien loin, et que le roman m’a évidemment beaucoup ému. Mais il m’a aussi fait du bien car, même si on en ressort sonnés, on en ressort avec l’envie impérieuse de continuer à vivre, pour ne pas oublier mais aussi pour rendre hommage aux victimes et surtout, surtout, éviter à tout prix que la terreur gagne. Le texte est puissant et émouvant, il peut rendre triste et en colère, mais c’est aux victimes qu’il redonne de la voix, pas aux terroristes. Comme Antoine Leiris qui avait su très tôt trouver les mots pour dire aux terroristes « Vous n’aurez pas ma haine » (puis qui en avait fait un roman), Laurent Gaudé nous offre une formidable leçon d’humanité. Daech n’a pas gagné. Nous avons perdu de notre insouciance mais nous nous relevons, et nous retournons en terrasse et en concert, et Terrasses participe à notre catharsis.
Au nom de ceux qui sont tombés. Nous serons tristes, longtemps, mais pas terrifiés. Pas terrassés.
Je continue sur ma lancée #Japon en lisant non plus un livre sur le Japon mais un livre écrit par une romancière japonaise, et pas n’importe quel livre puisque c’est un grand classique du roman noir japonais, arrivé dans ma PAL grâce à Amelie Nothomb.
Une enquête japonais en forme d’origami : une écriture aussi délectable que du Wasabi Amélie Nothomb
L’histoire se passe à Tokyo. Le roman a été écrit en 1962 et on peut penser que c’est à cette époque que notre histoire se déroule. Le passe-partout qui donne son nom au roman, c’est celui qui permet d’ouvrir tous les appartements de la Résidence K, une résidence pour femmes célibataires qui compte pas moins de 150 appartements. Ce passe-partout a disparu de la loge des gardiennes et c’est particulièrement embêtant car, bien évidemment, derrière chaque porte, chacune des résidentes a ses secrets dont plusieurs sont de lourds secrets. …
Je continue sur ma lancée #Japon en lisant non plus un livre sur le Japon mais un livre écrit par une romancière japonaise, et pas n’importe quel livre puisque c’est un grand classique du roman noir japonais, arrivé dans ma PAL grâce à Amelie Nothomb.
Une enquête japonais en forme d’origami : une écriture aussi délectable que du Wasabi Amélie Nothomb
L’histoire se passe à Tokyo. Le roman a été écrit en 1962 et on peut penser que c’est à cette époque que notre histoire se déroule. Le passe-partout qui donne son nom au roman, c’est celui qui permet d’ouvrir tous les appartements de la Résidence K, une résidence pour femmes célibataires qui compte pas moins de 150 appartements. Ce passe-partout a disparu de la loge des gardiennes et c’est particulièrement embêtant car, bien évidemment, derrière chaque porte, chacune des résidentes a ses secrets dont plusieurs sont de lourds secrets. Pour ne rien arranger, de lourds travaux viennent bousculer la sérénité de la résidence et de ses habitantes. Il est prévu de littéralement déplacer la résidence en la plaçant sur des rails.
J’ai bien aimé cette lecture. Ce n’est pas un thriller au suspens insoutenable mais un roman qui prends son temps pour faire le portrait de cette société de femme très particulière, pour raconter l‘histoire de certaines, sous le forme de tranches de vies souvant touchantes avec beaucoup de douceur et d’humanité pour raconter leurs secrets comme souvent leurs solitudes. Ce n’en est pas moins un polar qui joue avec son lecteur pour le dérouter dans un huis-clos énigmatique.
Tout retour est impossible, l'amour le plus absolu n'en donne pas la clé
C’est la rentrée et, comme chaque année, Amélie sort un nouveau livre. J‘apprécie toujours de lire ses romans, mais j’avoue que je ne me presse généralement pas pour les lire dès leur sortie… sauf que, cette année, Amélie parle du Japon et j’ai quand même un attachement fort à ce pays, donc je l’ai lu vite (et mon avis, ci-dessous, est sans doute partial à cause de ce tropisme).
Mai 2023, Amélie est invitée par une amie, Pep Beni, à l’accompagner au Japon. C’est une amie, elle ne peut pas (et n’arrive pas à) lui dire non… mais c’est Amélie et c’est la Japon… son pays d’enfance, son pays de jeunesse, son pays de cœur. Avec Pep, elle va retrouver Kyoto puis Tokyo pour une dizaine de jours où elle servir de guide, mais aussi se replonger …
Tout retour est impossible, l'amour le plus absolu n'en donne pas la clé
C’est la rentrée et, comme chaque année, Amélie sort un nouveau livre. J‘apprécie toujours de lire ses romans, mais j’avoue que je ne me presse généralement pas pour les lire dès leur sortie… sauf que, cette année, Amélie parle du Japon et j’ai quand même un attachement fort à ce pays, donc je l’ai lu vite (et mon avis, ci-dessous, est sans doute partial à cause de ce tropisme).
Mai 2023, Amélie est invitée par une amie, Pep Beni, à l’accompagner au Japon. C’est une amie, elle ne peut pas (et n’arrive pas à) lui dire non… mais c’est Amélie et c’est la Japon… son pays d’enfance, son pays de jeunesse, son pays de cœur. Avec Pep, elle va retrouver Kyoto puis Tokyo pour une dizaine de jours où elle servir de guide, mais aussi se replonger dans les souvenirs qui lui reste du Japon dont elle a été arrachée enfant, et où elle a tenté de revenir jeune adulte.
Un roman sans surprises, mais une lecture qui m’a régalée. L’écriture d’Amélie est toujours aussi fluide, son style toujours aussi prenant… mais, ça, ce n’est pas nouveau. Ce que j’ai particulièrement apprécié dans ce crue 2024, c’est évidemment le Japon mais, au-delà de ce pays que j’apprécie aussi beaucoup, c’est l’équilibre entre les souvenirs de lieux et les sentiments intimes que ce voyage provoque : la violence de l‘arrachement quand elle était enfant, la violence de la société japonaise quand elle a tenté d’y faire sa vie jeune adulte, la tristesse de la disparition de son père qui l’a tant guidé et accompagné dans ce pays…. Bref, un récit à la fois personnel et lucide, intime et nostalgique, mais aussi, évidemment c’est Amélie, un récit raconté avec beaucoup d’humour et d’auto-dérision.
Une fois de plus, je vais quitter le Japon. Et à présent je ne peux plus accuser mes parents ou la fatalité. Je pars en adulte responsable, j'ai choisi de ne pas rester. Comment vais-je concilier une telle attitude avec l'amour infini qui me relie à ce pays ?
Une fois n’est pas coutume, alors que j’enchaîne rarement deux romans d’une même série, j’ai lu les 3 tomes des livres de la Terre fracturée à la suite !
L’intrigue initiée dans les deux premiers tomes se poursuit, on suit toujours trois histoires :
Une fois n’est pas coutume, alors que j’enchaîne rarement deux romans d’une même série, j’ai lu les 3 tomes des livres de la Terre fracturée à la suite !
L’intrigue initiée dans les deux premiers tomes se poursuit, on suit toujours trois histoires :
J’ai beaucoup aimé, de nouveau, ce 3e tome. Il est différent des autres car, là où les premiers tomes s’adressaient à nous comme si nous connaissions déjà la terre fracturée, celui-ci s’adresse à nous tantôt en familiers de cette Terre (pour Nassun et Essun) ou pour nous expliquer les origines même qui ont conduit à l’apparition des saisons (pour Hoa). Les différents arcs narratifs se referment, et les multiples questions que nous pouvions avoir trouvent toutes des réponses. On pouvait en avoir déviné certaines, mais beaucoup sont étonnantes, à la fois plus logiques et plus complexes que ce que j’aurais pu imaginer.
Personne n'a réellement envie d'affronter le fait que le monde est ce qu'il est par la faute d'ancêtres si arrogants, si égocentriques qu'ils ont cherché à réduire en esclavage la planète même.
J’ai trouvé fascinante l’histoire de Syl Anagyst, leur démesure et leur orgueil, une société coupable de génocide, mais aussi d’une course à la puissance qui leurs a fait perdre leurs derniers repères moraux… et a abouti à la catastrophe. Je pensais que le Père-Terre n’était qu’une expression générique, symbolique, religieuse… et que la perte de la Lune avait eu des conséquences purement physiques… et je trouve bien plus intéressant ce que NK Jemisin en a fait, comme une revisite du mythe de Gaïa. Cela nous donne des perspectives bien plus vertigineuse…
Pour tout lecteur qui, comme moi, aura vite fait de faire le parallêle entre cette fabuleuse trilogie et la crise écologique actuelle dont notre société est pleinement responsable, cette lecture donne des perspectives vertigineuses… Faut-il se féliciter que nous ne soyons pas, encore, Syl Anagyst, ou s’émouvoir que nous traitions déjà la Terre comme ils ont traité le Père-Terre, et certains humains commes ils ont traité les orogènes et les mangeurs de pierre ?
À ceux qui ont survécu : Respirez. Voilà. Encore une fois. Bien. Vous êtes doués. Et même si vous ne l'êtes pas, vous êtes vivants. C'est une victoire.
Il est rare que j’enchaîne les romans (j’aime bien varier mes lectures), mais là je n’avais qu’une envie : connaître la suite… et je peux même déjà vous dire qu’au moment où j’écris ces lignes, j’ai déjà bien entamé le troisième et dernier tome de la trilogie de la Terre facturée !
Le monde de la Terre fracturée n’est plus autant un mystère pour nous, lecteurs. Nous savons désormais qu’il s’agit bel et bien de la Terre, et donc que nous lisons un roman de SF postapocalyptique et pas juste une œuvre de fantasy.
Le roman propose toujours de suivre trois personnages principaux (mais plus à égalité). Deux héroïnes principales se dégagent, Essun et sa fille Nassun, alors que les chapitres sur Schaffa ne sont là que pour aider à la narration et à la compréhension globale. On retrouve également bon nombre de personnages secondaires du tome précédent (Tonkee, Hoa, …
Il est rare que j’enchaîne les romans (j’aime bien varier mes lectures), mais là je n’avais qu’une envie : connaître la suite… et je peux même déjà vous dire qu’au moment où j’écris ces lignes, j’ai déjà bien entamé le troisième et dernier tome de la trilogie de la Terre facturée !
Le monde de la Terre fracturée n’est plus autant un mystère pour nous, lecteurs. Nous savons désormais qu’il s’agit bel et bien de la Terre, et donc que nous lisons un roman de SF postapocalyptique et pas juste une œuvre de fantasy.
Le roman propose toujours de suivre trois personnages principaux (mais plus à égalité). Deux héroïnes principales se dégagent, Essun et sa fille Nassun, alors que les chapitres sur Schaffa ne sont là que pour aider à la narration et à la compréhension globale. On retrouve également bon nombre de personnages secondaires du tome précédent (Tonkee, Hoa, Lerna, Albâtre, Antimoine, etc.).
Albâtre a déclenché la cinquième saison, plongeant la terre fracturée dans un long hiver qui durera quelques années. Certains commencent à comprendre qu’il s’agira d’une saison exceptionnellement longue, 1 000 ans, voire 10 000 ans, prophétisent certains… ce qui compromettrais la survie même des humains.
Essun a perdu la trace de sa fille, et donc toute raison de continuer sa route. La cinquième saison est déclarée, il lui faut envisager de se poser… ce qu’elle va faire à Castrima une comm’ atypique, vestige d’une civilisation disparue installée dans une géode géante. À Castrima, les artefacts et la technologie fonctionnent à l’orogénie. C’est donc devenu une comm‘ atypique puisqu’elle héberge en son sein tant des fixes que des orogènes ou des mangeurs de pierre. Nassun a été amenée par son père après que ce dernier ait tué son petit frère à mains nues. Dans ce roman, on revient sur ces évènements, ce qui permet de mieux les comprendre, et de mieux comprendre ce qui a poussé Jija a s’enfouir avec Nassun : pour trouver une comm’ qui saura la « soigner » de son orogénie.
Ce deuxième tome apporte à peu près autant de nouvelles questions qu’il donne de réponses :
Sur la nature de l’orogénie d’abord. On comprend que la manière dont l’Empire du Sanze et le Fulcrum l‘utilisent pour endoctriner les fixes comme les géneurs, et pour imposer leur vision du monde et formater les esprits. Sur les mangeurs de pierre, qu’on découvre plus complexes, et plus humains, qu’on ne s‘y attendait… Sur ce qui a causé l‘apparition des saisons, et le début de la guerre entre les hommes et le Père-Terre. Sur les obélisques enfin, sur leurs possibilités comme sur leurs origines.
J’ai, de nouveau, beaucoup apprécié ce deuxième tome. J’ai beaucoup aimé, notamment, l’émergence à Castrima d’une utopie via la volonté de vivre ensemble pour transcender les différences. C’est loin d‘être parfait ni simple, mais cela apporte beaucoup d’espérance dans un monde qui apparaissait particulièrement rigide, et qui, en saison, aurait pu risquer de ne privilégier que du pur survivalisme.
La Terre fracturée gagne en complexité… mais il donne aux lecteurs de nouvelles clés de compréhension qui, je n’en doute pas, permettront de finir la trilogie en beauté.
J‘avais ce livre depuis bien longtemps dans ma PAL, à la fois à cause de bonnes critiques que j‘avais lues et des multiples récompenses qu‘il a obtenu (dont le plus prestigieux en SF, le prix Hugo, obtenu pendant 3 années consécutives, pour les 3 tomes de la trilogie !). Bref, je me suis (enfin) lancé… et je ne le regrette pas ! Je vous fais le pitch
Nous sommes, peut-être, sur Terre. Est-ce de la science-fiction post-apocalyptique ou de la fantasy ? Ce n’est pas bien clair (et c’est très bien comme ça).
La terre tremble si souvent sur votre monde que la civilisation y est menacée en permanence. Le pire s'est d'ailleurs déjà produit plus d'une fois : de grands cataclysmes ont détruit les plus fières cités et soumis la planète à des hivers terribles, d'interminables nuits auxquelles l'humanité n'a survécu que de justesse.
Si c’est la Terre, elle …
J‘avais ce livre depuis bien longtemps dans ma PAL, à la fois à cause de bonnes critiques que j‘avais lues et des multiples récompenses qu‘il a obtenu (dont le plus prestigieux en SF, le prix Hugo, obtenu pendant 3 années consécutives, pour les 3 tomes de la trilogie !). Bref, je me suis (enfin) lancé… et je ne le regrette pas ! Je vous fais le pitch
Nous sommes, peut-être, sur Terre. Est-ce de la science-fiction post-apocalyptique ou de la fantasy ? Ce n’est pas bien clair (et c’est très bien comme ça).
La terre tremble si souvent sur votre monde que la civilisation y est menacée en permanence. Le pire s'est d'ailleurs déjà produit plus d'une fois : de grands cataclysmes ont détruit les plus fières cités et soumis la planète à des hivers terribles, d'interminables nuits auxquelles l'humanité n'a survécu que de justesse.
Si c’est la Terre, elle n’a clairement plus rien à voir avec celle que nous connaissons. Elle ne comporte (plus ?) qu’un seul continent, le Fixe, sur lequel les humains s’efforcent difficilement de survivre aux catastrophes naturelles qui, périodiquement, viennent mettre à bas les fières cités et les empires naissants. Ce sont les « cinquièmes saisons » déclenchées par le Père Terre, furieux contre ses enfants. Elles ont lieu à intervalles plus en moins réguliers, de quelques années à quelques décennies, mais elles sont inéluctables et déclenchent des hivers nucléaires qui peuvent durer jusqu’à plusieurs années et auxquels il est donc souvent difficile de survivre.
Au moment où se passe notre récit, un Empire, l’antique Sanze, a pourtant réussi à se développer, plusieurs saisons durant, et à mettre en place une organisation de la société uniforme sur le continent. Les humains sont organisés en comm’ (communautés) qui se constituent, se protègent et se fortifient en respectant un corpus de règles et de principes destinés à anticiper la survenue de la prochaine la prochaine saison, et à y survivre. Ce corpus de règles, appelé lithomnésie, divise la population en castes rigides et enseigne à tous, tout ce qui permet de s‘organiser dans l’unique objectif de permettre la survie par-delà les saisons. Malheur aux hors-comm’, rejetés car ne disposant pas de compétences jugées utiles à la société, ils n’auront aucune chance de survivre.
Là où ça devient intéressant, c’est qu’il existe une catégorie d’humains, appelés orogènes ou « gêneurs » , qui sont capables d’entrer en contact avec la Terre et d’utiliser son énergie, pour déclencher des catastrophes ou, s’ils sont bien formés, en limiter localement les effets. C’est pour eux une malédiction car ils inspirent à tous une pure terreur. Ils sont le plus souvent pourchassés et tués sans pitié. Seul l’Empire de Sanze semble avoir compris leur valeur, et a créé à Lumen, sa capitale, le Fulcrum, un lieu où on pourra les former, c’est à dire les neutraliser et les utiliser. À chaque orogène est attribué un Gardien qui peuvent annulées leurs pouvoir, et ont pour mission de les neutraliser s‘ils devenaient dangereux, ou prétendait simplement vivre leurs vies. Attention, ce n’est pas une école, et les orogènes ne sont pas des élèves. Les oroogènes inspirent toujours les mêmes sentiments aux Sanziens, et ces derniers ne le considérent pas comme des humains (un édit antique l’atteste), mais comme de simple outils. AU Fulcrum, les jeunes orogènes ne sont qualifiés que de « poussière » pour mieux nier leur humanité.
Le roman relate le destin de trois femmes, toutes trois orogènes :
Essun vivait dans une petite communauté avec son mari et ses deux enfants. Elle cachait à tous sa nature d’orogène, y-compris à son mari… mais, pour son malheur, elle a transmis son orogénéité à ses enfants. Lorsque son mari l’a découvert, il a tué leur fils à mains nues et s’est enfoui en kidnappant leur fille. Elle veut retrouver sa fille, autant que rendre justice à son fils. Damaya est encore une petite fille qui a été rejetée par sa famille quand son orogénéité a été découverte. Un gardien la ramène à Lumen pour qu’elle rejoigne le Fulcrum afin d’y être formée avec la « poussière ». Syénite, enfin, est une orogène quatre anneaux (sur une échelle de dix). Elle est envoyée en mission dans une ville côtière sous la supervision d’un mentor, Albâtre. Ce dernier est le plus capé des orogènes (c’est un dix anneaux) et le Fulcrum attends de Syénite et Albâtre, en plus de mener à bien leur mission, qu‘ils couchent ensemble et donne naissance à un orogène qu’ils espèrent puissant.
J’ai beaucoup aimé ce premier tome. J’ai aimé la manière dont l’autrice distille au compte-gouttes repères sur la société et détails sur son organisation, de manière très progressive, comme si ces éléments étaient censés être connus de tous et que nous, lecteurs, nous devions de tirer seuls nos conclusions. Cela donne une tonalité très particulière au roman, qui m’a permis d’être rapidement happé, tant par l’histoire que par l’organisation très particulière de ce monde.
L’autrice sait faire exister le monde de la Terre fracturée de manière concrète, mais elle n’oublie pas de soigner la psychologie des différents personnages, principaux comme secondaires. Le destin de ces femmes torturées, meurtries par la vie mais tellement fortes, m’a laissé abasourdi. La profondeur comme la densité de cette œuvre m’ont émerveillé. Je comprends parfaitement son prix Hugo… et je vais de ce pas lire la suite pour comprendre comment les tomes 2 puis 3 ont pu, à leur tour, mérité ce même prix !
Alastair Reynolds est un écrivain de science-fiction, le plus souvent entre hard-SF et Space Opera… et, pourtant, l’action d’Éversion commence au début du XIXe siècle, sur une goélette explorant les côtes de la Norvège. Bref, cela ressemble plus à du Jules Verne qu’à du Alastair Reynolds.
Le héros du roman se nomme Silas Coade. Il est médecin à bord du Demeter, la fameuse goélette. On fait rapidement sa connaissance, puis celles des autres passagers, une galerie de personnages particulièrement hétéroclites : Van Vught, le capitaine néerlandais, Topolsky le riche affréteur russe de cette expédition, Ramos un colonel de l‘armée mexicaine, Dupin le mathématicien surmené et la pénible Ada Cossile… On en apprends également plus sur le but de cette expédition : découvrir une ouverture menant à un mystérieux édifice logé dans un fjord.
Cette introduction est déroutante, mais à ce moment de ma lecture j’étais effectivement dérouté… tout cela était …
Alastair Reynolds est un écrivain de science-fiction, le plus souvent entre hard-SF et Space Opera… et, pourtant, l’action d’Éversion commence au début du XIXe siècle, sur une goélette explorant les côtes de la Norvège. Bref, cela ressemble plus à du Jules Verne qu’à du Alastair Reynolds.
Le héros du roman se nomme Silas Coade. Il est médecin à bord du Demeter, la fameuse goélette. On fait rapidement sa connaissance, puis celles des autres passagers, une galerie de personnages particulièrement hétéroclites : Van Vught, le capitaine néerlandais, Topolsky le riche affréteur russe de cette expédition, Ramos un colonel de l‘armée mexicaine, Dupin le mathématicien surmené et la pénible Ada Cossile… On en apprends également plus sur le but de cette expédition : découvrir une ouverture menant à un mystérieux édifice logé dans un fjord.
Cette introduction est déroutante, mais à ce moment de ma lecture j’étais effectivement dérouté… tout cela était bien mystérieux et bien obscur. Il m‘est Impossible de vous en dire plus sans vous gâcher les surprises qui vous attendent à la lecture du roman, et les ressorts qui en font tout l’intérêt… donc je vais me contenter de vous rassurer et de vous conseiller de lire ce roman…
Alastair Reynolds s’amuse à brouiller les cartes, mais une fois embarqué dans le récit on ne peut que le remercier car c’est tout sauf artificiel. Il ne s’amuse pas aux dépends du lecteur mais au bénéfice d’un roman étonnant qui questionne la notion d’humanité et qui, d’un roman qui aurait dû être de la science-fiction et qui commence par un roman d’aventure, construit finalement un OLNI touchant et prenant.
Le personnage principal de notre roman s’appelle Keiko Furukura. Elle a, depuis 18 ans, un petit boulot à temps partiel dans un konbini, ces « convenience store » typiquement japonais ouverts 24h/24 et 7j/7. Ce qui inquiète son entourage car ce n’est pas « normal » : à 36 ans, il faudrait un emploi « stable » ou, à la rigueur, être marriée, avoir des enfants. Or Keiko, en plus de toujours bosser au Konbini est aussi célibataire, et ses amis comme sa famille ne lui ont même jamais connu aucune relation… non, vraiment, c’est très inquiétant.
Racontant sa vie quotidienne, Keiko racontera aussi quelques anecdotes de son enfance qui expliqueront au lecteur comment elle est arrivée à la conclusion qu’il convenait de se « fondre dans la masse » et quelles stratégies elle use pour cela.
Dans ce monde régi par la normalité, tout intrus se voit discrètement éliminé. …
Le personnage principal de notre roman s’appelle Keiko Furukura. Elle a, depuis 18 ans, un petit boulot à temps partiel dans un konbini, ces « convenience store » typiquement japonais ouverts 24h/24 et 7j/7. Ce qui inquiète son entourage car ce n’est pas « normal » : à 36 ans, il faudrait un emploi « stable » ou, à la rigueur, être marriée, avoir des enfants. Or Keiko, en plus de toujours bosser au Konbini est aussi célibataire, et ses amis comme sa famille ne lui ont même jamais connu aucune relation… non, vraiment, c’est très inquiétant.
Racontant sa vie quotidienne, Keiko racontera aussi quelques anecdotes de son enfance qui expliqueront au lecteur comment elle est arrivée à la conclusion qu’il convenait de se « fondre dans la masse » et quelles stratégies elle use pour cela.
Dans ce monde régi par la normalité, tout intrus se voit discrètement éliminé. Tout être non conforme doit être écarté. Voilà pourquoi je dois guérir. Autrement, je serai éliminée par les personnes normales. J'ai enfin compris pourquoi mes parents désespéraient tellement de trouver une solution.
Ce qui m’a frappé dans ce roman, c’est que Keiko est manifestement atteinte d’un trouble du spectre autistique, mais que dans son enfance comme dans sa vie d’adulte, personne ne semble ne serait que s’interroger sur cet état de fait, pourtant assez évident semble-t ’il. Ce que veulent sa famille comme ses amis, c’est qu’elle soit « normale », donc bien intégrée à la Société.
C’est un roman que j’ai vraiment aimé et qui m’a beaucoup touché car c’est un éloge émouvant à la non-conformité autant qu’une critique de la pression sociale pour épouser la norme et une invitation à s’interroger sur la notion même de normalité et d‘acceptation de soi.
J’ai lu le premier tome en 2021… mais il faut croire que je n’étais pas pressé de lire la suite puisque je viens seulement de m’y atteler (et de me rendre compte que je n’avais pas rédigé de billet sur le tome 1, oubli réparé hier). Ce qui m’a sans doute convaincu de reprendre la trilogie, c’est l’adaptation Netflix du Problème à trois corps (adaptation très libre mais que j’ai vraiment bien aimé).
Ce 2e volume du Problème à trois corps se passe juste après la découverte de l’arrivée de la flotte trisolarienne venue envahir la Terre, et couvre les 4 siècles qui vont s’écouler avant leur arrivée. Faut-il se battre, sans espoir de victoire ? S’enfuir ? Mais qui partirait ? Qui resterait ? Vivre comme si ne rien n’était car pourquoi s’inquiéter de ce qui pourrait arriver dans quatre siècles ?
Les trisolariens ont un avance technologique majeure, …
J’ai lu le premier tome en 2021… mais il faut croire que je n’étais pas pressé de lire la suite puisque je viens seulement de m’y atteler (et de me rendre compte que je n’avais pas rédigé de billet sur le tome 1, oubli réparé hier). Ce qui m’a sans doute convaincu de reprendre la trilogie, c’est l’adaptation Netflix du Problème à trois corps (adaptation très libre mais que j’ai vraiment bien aimé).
Ce 2e volume du Problème à trois corps se passe juste après la découverte de l’arrivée de la flotte trisolarienne venue envahir la Terre, et couvre les 4 siècles qui vont s’écouler avant leur arrivée. Faut-il se battre, sans espoir de victoire ? S’enfuir ? Mais qui partirait ? Qui resterait ? Vivre comme si ne rien n’était car pourquoi s’inquiéter de ce qui pourrait arriver dans quatre siècles ?
Les trisolariens ont un avance technologique majeure, avantage qu’ils se sont assurés de conserver en verrouillant les sciences fondamentales avec les intellectrons.
Face à l’omniprésence de ces intellectrons, et à l’impossibilité de conserver le moindre secret, l’ONU a décider de lancer le programme « Colmateurs » en confiant à quatre hommes la tâche d’élaborer un plan de défense, dans le plus grand secret puisque rien ne doit en être révélé, que ce soit à l’oral ou par écrit, pour empêcher les trisolariens d’en prendre connaissance. Trois sont des militaires, hommes d’État ou scientifiques reconnus, mais le dernier, Lio Ji, sociologue et astronome chinois. est un parfait inconnu.
L’intrigue est toujours aussi complexe, mais j’ai eu plus de mal à me projeter, j’ai trouvé certains passages vraiment longs et je n’ai pas vraiment apprécié le style, trop aride à mon goût.
J’ai, par contre, été séduit par les thématiques scientifiques. Le premier tome s’appuyait sur des analyses scientifiques très concrètes, ce qui m’avait plu, mais j’ai vraiment apprécié la relecture du Paradoxe de Fermi par Liu Cixin.
Là où Fermi se contentait de s’interroger sur l’absence de contact avec des civilisations extraterrestres…
"S'il y avait des civilisations extraterrestres, leurs représentants devraient être déjà chez nous. Où sont-ils donc ?"
… Liu Cixin va plus loin en appliquant des principes sociologiques aux civilisations galactiques, et en comparant l’univers à une forêt sombre dans laquelle chaque civilisation est un chasseur, qui se déplace silencieusement pour éliminer toute présence afin de ne pas lui-même devenir une proie. Liu Cixin formalise ces principes sous la forme de deux règles très simples exprimées par Lio Ji :
"Premièrement : la survie est la nécessité première de toute civilisation ; deuxièmement : une civilisation ne cesse de croître et de s'étendre, tandis que la quantité totale de matière dans L Univers reste constante."
Beaucoup de longueurs, une structure du roman trop linéaire et une écriture vraiment aride m’ont empêché de vraiment apprécier ma lecture… Je pense que je lirais tout de même le troisième tome… mais pas tout de suite. J’ai besoin de faire une pause, mais je serais sans doute curieux de terminer la trilogie d’ici quelques temps.