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Auriane Velten: C'est-comme-ça (2025)

Apollon, Papa Legba ou encore la fée Clochette : autant de croyances nées de l’imagination …

Un roman de fantaisie, urbaine et contemporaine, particulièrement original

Cass, alias Cassandre, est le personnage principal de ce roman. Oui, « la » Cassandre de la mythologie grecque… car, dans ce roman, les personnages auxquels les humains « croient » existent bel et bien, grâce à cette croyance même. Et ça fonctionne autant pour des croyances religieuses ou mythologiques, que pour tous type d’histoires, contes et légendes, jusqu'aux héros et super-héros de la Pop Culture donc. Du moins ces croyances existent-elles tant que des humains croient en elles… et c’est là que commence notre histoire : les croyances sont réunies pour l’enterrement de Robin (des bois). Sauf que Cass sent bien que quelque chose d’anormal s’est passé. Robin ne devrait pas disparaitre puisque l’imaginaire autour de lui est encore riche… sauf que, comme d’habitude, personne ne veux la croire…

C’est-comme-ça est autant une enquête policière, pour comprendre pourquoi et comment Robin a pu disparaitre, qu’un prétexte à questionner notre imaginaire collectif. J’ai beaucoup aimé la multiplicité des croyances - Cassandre, Clytemnestre, Robin des bois, Belle-Marianne, Roland mais aussi Apollon, Zeus et tout le panthéon de l’Olympe, Jéz (alias Jésus) et quelques anges et archanges, mais aussi des croyances Vaudou comme Baron (Samedi) et (Grann) Brigitte, etc. J’ai trouvé troublante cette idée que les croyances sont à la fois influencées par les humains - chaque nouvelle manière de croire les façonne - mais peuvent aussi avoir une certaine autonomie et même influer sur leur propre évolution en tentant de faire perdurer certaines histoires et d’influencer certains auteurs. Ainsi peuvent-elles exister sous plusieurs formes en fonction des sources de foi environnantes, mais peuvent-elles aussi s’éloigner de leur origine : Cassandre est à la fois fidèle aux récits homériques et à ses re-interprétations contemporaines, et sa meilleure amie est Lyté, alias Clytemnestre, alors que dans le mythe d’Homère, celle dernière est responsable de sa mort… mais Cass conserve aussi une vraie peur, traumatique, d’Apollon, source de sa malédiction. Je n’en dirais pas plus sur les autres croyances… mais sachez que Cassandre n’est pas un cas unique… et que j’ai beaucoup aimé ce libre-arbitre qui leurs ait accordé. Je l’ai aimé mais je l’ai aussi trouvé troublant car, justement, cela questionne notre propre rapport au destin et à notre capacité à avoir prise dessus.

Bref, c’est un roman de fantaisie, urbaine et contemporaine, particulièrement original, qui invite finalement à une réflexion plus poussée sur notre identité et sur le libre-arbitre, via une revisite étonnante de tout notre imaginaire collectif. Une chouette découverte que je vous conseille.