Le sujet est intéressant, la forme qui tire sur la gouaille rend la lecture fastidieuse mais au détour d'un paragraphe, les fulgurances éparses nous poussent à continuer.
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FX started reading Notre joie by François Bégaudeau
FX reviewed La consolation by Flavie Flament
La consolation
4 stars
Je ne suis pas un habitué de la littérature de la grande distribution, mais cet été, j'ai décidé de lire quelques ouvrages de « stars », pour casser mes préjugés et voir ce que valait les poche qui arrivent dans les rayons des gares et des grandes surfaces. Je n'en chroniquerai pas l'exhaustivité, tout simplement parce que pour parler d'un livre, il faut déjà arriver au bout, et que dans certains cas, l'effort ne m'a pas été possible. C'est le cas par exemple de 15 rounds, de Richard Bohringer. J'imaginais plus lisible une autobio de quelqu'un qui a écrit des romans et qui fait de l'esprit à la télévision. Mais son style impressionniste, haché, faits d'images qui ne parlent sûrement qu'à celles et ceux qui les connaissent, m'a perdu dès les premières pages. Qu'importe, revenons à Flavie Flament.
La consolation n'est pas un livre ordinaire, c'est le témoignage d'une …
Je ne suis pas un habitué de la littérature de la grande distribution, mais cet été, j'ai décidé de lire quelques ouvrages de « stars », pour casser mes préjugés et voir ce que valait les poche qui arrivent dans les rayons des gares et des grandes surfaces. Je n'en chroniquerai pas l'exhaustivité, tout simplement parce que pour parler d'un livre, il faut déjà arriver au bout, et que dans certains cas, l'effort ne m'a pas été possible. C'est le cas par exemple de 15 rounds, de Richard Bohringer. J'imaginais plus lisible une autobio de quelqu'un qui a écrit des romans et qui fait de l'esprit à la télévision. Mais son style impressionniste, haché, faits d'images qui ne parlent sûrement qu'à celles et ceux qui les connaissent, m'a perdu dès les premières pages. Qu'importe, revenons à Flavie Flament.
La consolation n'est pas un livre ordinaire, c'est le témoignage d'une enfance brisée, une volonté de faire réfléchir sur le viol, un cri de 247 pages poche. La préface nous met déjà dans le bain en racontant comment l'auteure a trouvé d'autres victimes du photographe David Hamilton et comment elle se considère porte-parole ; la ministre des familles Laurence Rossignol l'a d'ailleurs chargé d'une mission de consensus sur le viol en 2016
Ensuite, le récit est organisé en courts chapitres, comme des tableaux, avec deux courants inverses : la gamine qui devient ado, et la femme d'aujourd'hui qui raconte la dépression qui s'installe et ce qu'elle fait pour s'en sortir. La plume, riche et maîtrisée, essaie de parler à nos émotions, par métaphores, par témoignage. Et si le récit va crescendo jusqu'à la pierre angulaire du livre, ensuite on ne cherche plus à nous récupérer, la progression devient chaotique, les extraits étranges, la fin expédiée. Globalement, le récit abonde de pathos, de mises en abime de la douleur et de l'errance, à peu près toujours bien écrites mais pas forcément immersives. De nombreux artifices d'écriture, le fait de parler d'elle comme d'un autre personnage par exemple (ie. Poupette), énervent plus qu'ils n'apportent.
Plus que le viol lui-même, les relations sexuelles non consenties, c'est surtout le divorce d'avec sa famille qui choque. La mère en particulier passe pour celle qui organise la négociation du corps de sa fille, incapable de progresser dans sa tête et de faire le deuil de ses rêves. L'auteure nous parle de sa boulimie de visites chez les spécialistes médicaux pour essayer de comprendre son problème, mais au final dans son livre elle règle ses comptes sans vraiment donner l'impression d'une progression, d'une guérison. Sa famille sera d'ailleurs dure à la sortie du livre : « C’est pour nous totalement hallucinant! Elle entremêle des faits réels et des passages complètement romancés. »
Il faut donc aborder ce livre comme un roman, avec des images évocatrices, des réflexions qui interpellent sur l'enfance et le rapport au corps, et se sortir de la tête qui est l'auteure et ce qu'elle cherche à nous dire d'elle, car selon moi, elle est loin d'être au bout du chemin, dans la paix avec ses parents et libre d'avancer seule dans la vie. Toutefois, le texte est travaillé, souvent ciselé, pensé au mot près, il y a même un changement de police suivant la « personnalité » qui parle. Le boulot est donc bien fait, le bagage qu'il véhicule pèse en revanche suffisamment lourd pour que tout un chacun n'ait pas envie de le porter.
FX reviewed 13 reasons why by Jay Asher
# 13 reasons why, de Jay Asher
5 stars
Publié il y a déjà dix ans, ce best-seller s'est retrouvé récemment dans les boutiques françaises grâce à la [série Netflix du même nom]. J'avais vu quelques images de la série, mais c'est plutôt le livre qui m'a attiré. Il vaut toujours mieux lire le livre avant.
Teen Teen
Comme beaucoup d'histoires américaines, ca tourne autour d'une école avec des adolescents qui veulent être populaire, faire des fêtes dans des grandes villas, et avoir des amis à tout prix. Et si le pitch de la série vous l'a fait vaguement oublier, c'est pour nous lecteurs français assez important : même si vous regardez des imports américains régulièrement, ce système éducatif est une culture différente, qui peut vous sembler familier, mais qui ne vous dira surement jamais rien sur comment vivent nos ados en France.
Ce pitch, c'était quoi déjà ? Une adolescente est morte, et le bahut est en deuil. …
Publié il y a déjà dix ans, ce best-seller s'est retrouvé récemment dans les boutiques françaises grâce à la [série Netflix du même nom]. J'avais vu quelques images de la série, mais c'est plutôt le livre qui m'a attiré. Il vaut toujours mieux lire le livre avant.
Teen Teen
Comme beaucoup d'histoires américaines, ca tourne autour d'une école avec des adolescents qui veulent être populaire, faire des fêtes dans des grandes villas, et avoir des amis à tout prix. Et si le pitch de la série vous l'a fait vaguement oublier, c'est pour nous lecteurs français assez important : même si vous regardez des imports américains régulièrement, ce système éducatif est une culture différente, qui peut vous sembler familier, mais qui ne vous dira surement jamais rien sur comment vivent nos ados en France.
Ce pitch, c'était quoi déjà ? Une adolescente est morte, et le bahut est en deuil. Là encore rien de neuf dans la série américaine, c'était déjà le pitch de Twin Peaks il y a plus de 25 ans. La différence vient dans le fait qu'elle se soit suicidée, et qu'elle ait envoyé à Clay Jensen 7 cassettes audio qui expliquent son geste. En visant un sujet sensible, l'adaptation série a créé des peurs ataviques parmi [les associations pour la défense des jeunes]. Mais je n'avais pas peur, car j'étais avec un livre. En toute intimité. Prêt à ce qu'on me donne des raisons valables pour se suicider. Rassurez-vous, il y a quand même un grand méchant et des crimes punis par la loi, mais les autres accusés sont plutôt bêtes, méchants, inconscients (barrez les mentions inutiles).
J'accuse !
Hannah ne donne pas ces cassettes pour s'excuser, mais accomplir une sombre vengeance qu'elle veut partager avec tous celles et ceux qui l'ont fait souffrir. Elle en a gros, comme on dit dans [Kaamelott]. Le deal c'est que chaque personne qui reçoit la série de cassettes doit d'une part tout écouter, et ensuite faire passer au coupable suivant, chaque face d'une cassette désignant un coupable. L'histoire est adolescente, entendons par là que « sombre » ou « coupable » n'ont pas le même sens dans la bouche d'un adulte, il n'y a pas du sang et des morts (hannah exceptée), mais pour l'univers d'une jeune fille où tout paraît plus grand, ces mots sont justes. Dans la vie d'une adolescente qui perd pied, le problème se situe exactement dans la mesure, dans la mise en relief. Au final, les accusés n'ont souvent pas conscience d'avoir fait du mal, mais leurs actes, mis bout à bout, ont constitué une descente aux enfers qui a conduit cette fille à se donner la mort.
Jay Asher
J'ai envie de retenir le nom de [cet auteur], dont l’œuvre risque bien de pâtir de son succès précipité. Du moment où j'ai ouvert le livre, je n'ai pu le refermer avant sa conclusion (et pourtant j'ai été plusieurs fois dérangé, mais j'ai résisté). Cette histoire, qui résumée crument n'a rien d'exceptionnel, est mise en abîme par une écriture efficace, bien construite, qui connaît son pouvoir. Les personnages prennent vie dans notre imaginaire, se crédibilisent sur des détails, si bien qu'en arrivant à la fin tout est emboîté, à sa place, et en regardant derrière nous on voit toutes les émotions que l'auteur nous a fait vivre. J'étais venu pour en connaître plus sur le suicide, et je repars avec des fantômes : Clay, Hannah et leurs potes.
Le titre du livre « 13 reasons why » n'a pas été traduit en français, peut-être pour éviter que les gens pensent que le livre est un dérivé de la série Netflix. N'oublions pas que la série, aussi réussie qu'elle puisse être, n'est qu'une adaptation d'un roman passionnant, qui m'a happé dans son imaginaire. Comme je vous en souhaite autant, vous savez ce qu'il vous reste à faire…
FX rated 13 reasons why: 5 stars
13 reasons why by Jay Asher
Thirteen Reasons Why (stylized as TH1RTEEN R3ASONS WHY) is a young adult novel written by Jay Asher in 2007, that …
FX reviewed Innocent by Gérard Depardieu
Innocent
3 stars
Dans mon cycle des autobios de l'été, en poche, disponible dans les étals de gare, j'ai sélectionné Innocent, de Gérard Depardieu. Un acteur français devenu international, maltraité par la presse, fidèle de Castro et accueilli par Poutine, il fallait bien un livre pour entendre sa version, et se sortir de la tête sous ces clichés véhiculés par les journaux télévisés.
Malheureusement, je n'avais pas lu le livre précédent dans lequel il parlait de ses débuts. L'ouvrage s'épanche donc logiquement sur la partie de sa vie la plus proche de nous et signe une sorte de testament pour son public, en rétablissant des vérités sur qui il est pendant que d'autres parlent à sa place. Et à l'heure où on évoque librement les écrivains fantôme et où toutes les célébrités veulent un bouquin à leur histoire et à leur image, je pense avoir saisi une des motivations qui pousse les stars …
Dans mon cycle des autobios de l'été, en poche, disponible dans les étals de gare, j'ai sélectionné Innocent, de Gérard Depardieu. Un acteur français devenu international, maltraité par la presse, fidèle de Castro et accueilli par Poutine, il fallait bien un livre pour entendre sa version, et se sortir de la tête sous ces clichés véhiculés par les journaux télévisés.
Malheureusement, je n'avais pas lu le livre précédent dans lequel il parlait de ses débuts. L'ouvrage s'épanche donc logiquement sur la partie de sa vie la plus proche de nous et signe une sorte de testament pour son public, en rétablissant des vérités sur qui il est pendant que d'autres parlent à sa place. Et à l'heure où on évoque librement les écrivains fantôme et où toutes les célébrités veulent un bouquin à leur histoire et à leur image, je pense avoir saisi une des motivations qui pousse les stars à prendre la plume : rétablir la vérité à leur sujet. Est-ce nécessaire ? Non, beaucoup d'acteurs formidables ont l'air d'agir en infréquentables narcisses hors du champ caméra. Ce qu'on retient, c'est nécessairement leur prestation. Mais écrire son autobiographie quand tout le monde calomnie votre nom et travestit votre personnalité, cela doit être salutaire pour la personne concernée.
Dans ce que j'extirpe également de cette salve d'autobios, leur expérience prime toujours sur leur objectivité. Ils, elles ont vécu plusieurs de nos vies, mais leur réussite ne leur a pas toujours permis ces phases de remise en question où le doute sur sa propre pensée nous malmène, et où l'espoir vient d'experts ou d'amis qui nous font recoller avec notre normalité banale. Je comprends qu'un gars comme Depardieu nous lâche avec sincérité sa vision de la vie, sans prétendre d'ailleurs qu'elle vaille plus qu'une autre, mais on sent que ce déballage ne souffre pas de critique, de lecteur extérieur qui viendrait nuancer le propos pour le rendre plus universel.
Dans Innocent, au milieu du livre j'ai eu l'impression d'un changement de style. Car les deux premiers chapitres sur les sept que contient le poche témoignent la richesse de la pensée de son auteur, enrichie d'une culture qui dépasse celle du quidam et de connaissances poussées en histoire, en géopolitique, et en art. Et puis progressivement, les sujets plus polémiques pointent le bout de leur nez, et la construction narrative mute complètement, échange discours construit contre opinion lancée gratuitement, plonge de plus en plus dans la vulgarité en guise de ponctuation ( « ça me fait chier », « ça m’emmerde », « con ») et définit ses mots par des analogies fumeuses. Par exemple, ce qu'il entend par Innocence, qu'il finit par employer à tout bout de champ, le lecteur n'a pas la chance d'en trouver son explication linguistique. En fait, c'est comme si chaque chapitre était la couche d'un oignon, et que plus on avançait vers le cœur, plus l'écriture devenait un monologue de Depardieu pour son lecteur.
Depardieu voyage beaucoup, multiplie les rencontres et évite donc l'écueil habituel des autobiographies de n'évoquer que sa propre histoire. S'il dévoile un peu sa vie, il nous raconte surtout comment il vit et voit le monde actuel, et nous délivre ses opinions pour nous interpeller, pour nous partager des réflexions qu'on ne peut avoir qu'avec une vie hors-normes. Quand on a discuté avec les plus grands noms du cinéma, oui, on peut donner son avis sur ce que devrait faire le cinéma : ce n'est pas forcément juste mais c'est sourcé. Par ses goûts, son âge et ses fréquentations, Depardieu peut encore parler de l'esprit français, et réfléchir sur ce qui l'a transformé. Quant à ce qui touche au bonhomme, il faudra apprécier le dit bonhomme pour vouloir le suivre dans ses derniers chapitres (retranchements ?).
J'ai lu ce bouquin avec appétit, et j'ai fait un bon repas littéraire. Il m'a montré que dans la catégorie des autobiographies, on pouvait proposer autre chose que du pathos et du drop naming, qu'on pouvait parler de soi en parlant de tous, et passer un bon moment à lire (écouter ?) des grandes personnalités. J'ai moins apprécié le délitement progressif du récit vers des apostrophes directes, des vulgarités, de l'intime balancé à qui veut le prendre. L'ensemble apporte à la fois un éclairage sur la star et des réflexions plus générales à bosser chez soi. J'aurais surement du mal à trouver un meilleur moment avec mes achats de l'été, mais sait-on jamais ? Il faut toujours tordre le cou aux préjugés