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Au cours de cette recherche sur le vote RN, j'ai tâché de me conformer à une règle à la fois analytique et déontologique: celle de toujours prendre au sérieux la parole des personnes que j'interrogeais. Prendre au sérieux leurs craintes, leurs doutes, leurs incertitudes, mais aussi leurs affirmations, parfois très tranchées, sur l'état du monde qui les entoure. L'objectif était ainsi de saisir à quoi tiennent les électeurs du RN, à quels modes de vie ils accordent de la valeur, à quels principes moraux ils sont attachés. Pour comprendre comment l'extrême droite se normalise, il faut comprendre sur quelle « normalité » s'appuient ses électeurs. Prendre au sérieux leurs paroles, c'est aussi ne pas partir du principe que ces électeurs «ne savent pas ce qu'ils font » lorsqu'ils votent pour le parti de Marine Le Pen, qu'ils se trompent dans leurs décisions électorales. Pour reprendre les termes de Stuart Hall, le « succès et l'efficacité [de l'extrême droite] ne reposent pas sur sa capacité à duper des gens naïfs », mais sur le fait que ce discours politique se déploie auprès d'expériences vécues et bien réelles et qu'il a sur celles-ci des « effets pertinents ».

— Des électeurs ordinaires by Félicien Faury

Si je dis de moi-même que je sais seulement à partir de mon propre cas ce que signifie le mot “douleur”, — ne faut-il pas que je le dise aussi des autres ? Et comment puis-je donc généraliser ce seul cas avec tant de désinvolture ? Eh bien, tout le monde vient me dire qu’il ne sait qu’à partir de son propre cas ce qu’est la douleur ! —Supposons que chacun possède une boîte contenant ce que nous appellerons un “scarabée”. Personne ne pourrait jamais regarder dans la boîte des autres ; et chacun dirait qu’il ne sait ce qu’est un scarabée que parce qu’il a regardé le sien. — En ce cas, il se pourrait bien que nous ayons chacun, dans notre boîte, une chose différente. On pourrait même imaginer que la chose en question changerait sans cesse. — Mais qu’en serait-il si le mot “scarabée” avait néanmoins un usage chez ces gens-là ? […] « Mais tu admettras tout de même qu’il y a une différence entre un comportement de douleur accompagné de douleur et un comportement de douleur en l’absence de douleur. » — L’admettre ? Pourrait-il y avoir une différence plus grande ! — « Et pourtant tu en reviens toujours à ce résultat : La sensation elle-même est un rien. » — Certainement pas. Elle n’est pas un quelque chose, mais elle n’est pas non plus un rien ! Le résultat était seulement qu’un rien fait aussi bien l’affaire qu’un quelque chose dont on ne peut rien dire. […] « Je peux seulement croire que quelqu’un a mal, mais je sais si j’ai mal. » — Certes, on peut prendre la décision de dire : « Je crois qu’il a mal » au lieu de : « Il a mal. » Mais c’est tout. — Ce qui a l’apparence d’une explication ou d’un énoncé relatif aux processus psychiques est en vérité la substitution d’une façon de parler à une autre qui nous semble être, lorsque que nous philosophons, la plus appropriée.

— Recherches philosophiques by Ludwig Wittgenstein

C’est là que nous en sommes ! Les êtres, les races et, dans les races, ces deux parties de l’humanité : l’homme et la femme, qui devraient marcher la main dans la main et dont l’antagonisme durera tant que la plus forte commandera ou croira commander à l’autre réduite aux ruses, à la domination occulte qui sont les armes des esclaves. Partout la lutte est engagée. Si l’égalité entre les deux sexes était reconnue, ce serait une fameuse brèche dans la bêtise humaine. En attendant, la femme est toujours, comme le disait le vieux Molière, le potage de l’homme. […] Jamais je n’ai compris qu’il y eût un sexe pour lequel on cherchât à atrophier l’intelligence comme s’il y en avait trop dans la race. Les filles, élevées dans la niaiserie, sont désarmées tout exprès pour être mieux trompées : c’est cela qu’on veut. […] Gare pour le vieux monde le jour où les femmes diront : C’est assez comme cela ! Elles ne lâchent pas, elles ; en elles s’est réfugiée la force, elles ne sont pas usées. Gare aux femmes ! […] Au Droit des femmes, comme partout où les plus avancés d’entre les hommes applaudissent aux idées d’égalité des sexes, je pus remarquer, comme je l’avais toujours vu avant et comme je le vis toujours après, que malgré eux et par la force de la coutume et des vieux préjugés les hommes auraient l’air de nous aider, mais se contenteraient toujours de l’air. Prenons donc notre place sans la mendier. Les droits politiques sont déjà morts. L’instruction à égal degré, le travail rétribué pour les états de femme, de manière à ne pas rendre la prostitution le seul état lucratif, c’est ce qu’il y avait de réel dans notre programme.

— Mémoires de Louise Michel, écrits par elle-même by Louise Michel

When there is no true effect, and test assumptions are met, p-values for a t-test are uniformly distributed. This means that every p-value is equally likely to be observed when the null hypothesis is true. In other words, when there is no true effect, a p-value of 0.08 is just as likely as a p-value of 0.98. I remember thinking this was very counterintuitive when I first learned about uniform p-value distributions (well after completing my PhD). But it makes sense that p-values are uniformly distributed when we think about the goal to guarantee that when H0 is true, alpha % of the p-values should fall below the alpha level. If we set alpha to 0.01, 1% of the observed p-values should fall below 0.01, and if we set alpha to 0.12, 12% of the observed p-values should fall below 0.12. This can only happen if p-values are uniformly distributed when the null hypothesis is true

— Improving Your Statistical Inferences by Daniel Lakens

With increasing social conflict, differences in the values, attitudes, and modes of thought of groups develop to the point where the orientation which these groups previously had in common is overshadowed by incompatible differences. Not only do there develop distinct universes of discourse, but the existence of any one universe challenges the validity and legitimacy of the others. The coexistence of these conflicting perspectives and interpretations within the same society leads to an active and reciprocal distrust between groups. Within a context of distrust, one no longer inquires into the content of beliefs and assertions to determine whether they are valid or not, one no longer confronts the assertions with relevant evidence, but introduces an entirely new question: how does it happen that these views are maintained? Thought becomes functionalized; it is interpreted in terms of its psychological or economic or social or racial sources and functions. In general, this type of functionalizing occurs when statements are doubted, when they appear so palpably implausible or absurd or biased that one need no longer examine the evidence for or against the statement but only the grounds for its being asserted at all. Such alien statements are “explained by” or “imputed to” special interests, unwitting motives, distorted perspectives, social position, and so on. In folk thought, this involves reciprocal attacks on the integrity of opponents; in more systematic thought, it leads to reciprocal ideological analyses. On both levels, it feeds upon and nourishes collective insecurities.

— The Sociology of Science : Theoretical and Empirical Investigations by Robert K. Merton