Cibola Burn est le quatrième volume de de la saga de science-fiction The Expanse signée James S.A. Corey, le nom de plume du duo composé des auteurs Daniel Abraham et Ty Franck.
Il s’agit du roman qui sert de base à la quatrième saison, annoncée pour le 13 décembre prochain, de la série TV tirée de cette saga. J’ai donc découvert ce roman sans en connaitre à l’avance l’essentiel de l’intrigue, contrairement aux trois premiers tomes que j’ai lus en ayant déjà vu leur adaptation pour le petit écran.
L’intrigue tourne autour de la colonisation de New Terra, la première planète habitable découverte suite à l’ouverture des anneaux interstellaires à la fin du précédent roman. Une première vague de colons, des réfugiés de Ganymède qui ont erré de longs mois dans le système solaire pour être accueilli, en vain, afin de décider de s’installer sur New Terra quand l’existence de cette planète habitable a été installée. Depuis, une corporation a obtenu une concession des Nations Unies pour coloniser la planète et exploiter ses ressources naturelles.
Comme d’habitude avec The Expanse, ce roman se compose d’une cinquantaine de chapitres d’une dizaine de pages chacun, avec des personnages différents offrant autant de points de vue sur le récit :
- Basia Merton est un réfugié de Ganymède, membre du groupe des premiers colons sur sur New Terra, ou Ilus comme ils l’appellent ; avec son groupe d’amis, il refuse l’arrivée imminente de la corporation
- Elvi Okoye est une scientifique faisant partie de l’équipe envoyée par la corporation sur New Terra pour étudier la faune et la flore locale en vue de coloniser la planète
- Dmitri Havelock est le chef adjoint de la sécurité à bord du vaisseau de la corporation qui arrive en orbite de New Terra
- Evidemment, on retrouve une fois de plus James Holden, cette fois mandaté conjointement par les Nations Unies et l’OPA pour une mission de médiation afin d’éviter que la situation ne dégénère sur New Terra entre les premiers colons et les nouveaux arrivants
- Enfin, quelques chapitres, plus courts, donnent la parole à Joe Miller, ou plutôt l’avatar du défunt détective, tel qu’il a été recréé par la proto-molécule pour dialoguer avec Holden
Ce qui m’a d’abord plu dans ce roman, en plus de son thème qui me semblait prometteur, c’est que certains protagonistes ont des liens avec des personnages rencontrés dans les tomes précédents. Ainsi, Basia était un ami de Prax dans le deuxième tome, nous avions alors eu l’occasion de le rencontrer brièvement, avec la mort de son fils dans la laboratoire secret où était également détenu la fille de Prax. Havelock était quant à lui le partenaire de Joe Miller quand celui-ci travaillait encore pour Star Helix sur Ceres. Ce sont des rappels qui font plaisir quand on suit une saga comme The Expanse avec une multitude de personnages qu’on suit le temps d’un roman mais qu’on abandonne parfois sans les revoir.
Malgré ce point plutôt sympathique, je dois dire que j’ai eu un peu de mal à entrer dans le roman. Alors que j’en étais à la moitié, je me disais que c’était plaisant à lire mais que ça trainait un peu en longueur. J’espérais que la deuxième moitié serait à la hauteur des promesses à la fin du tome précédent.
Malheureusement, la suite ne m’a pas plus enchanté, et le roman m’a globalement déçu.
J’ai notamment trouvé que l’antagoniste principal, dont on devine d’ailleurs très vite qu’il le sera quand on le rencontre, est stéréotypé. C’est le chef de la sécurité de l’expédition lancée par la corporation, il représente le symbole de l’avidité sans fin des multinationales qui négligent volontairement l’impact humain de leurs choix, mais c’est fait sans nuance, le personnage ne semble être présent que pour sa fonction et n’existe pas vraiment en tant qu’être humain.
J’ai également eu l’impression que les auteurs ne savaient pas trop quoi faire de certains personnages secondaires. C’est particulièrement le cas de l’équipage du Roccinante, le vaisseau de James Holden. Si Naomi a droit à une certaine place dans le récit, avec un peu d’action, Amos et surtout Alex, le pilote, font plutôt de la figuration et leur présence n’apporte pas grand chose au récit. Ils m’ont semblé être comme des bagages que les auteurs étaient contraints de faire apparaître sans savoir comment les utiliser.
J’ai tout de même admiré la capacité des auteurs à disperser les personnages à plusieurs endroits pour nous faire vivre l’action depuis différents points de vue, en faisant rebondir le récit d’un chapitre à l’autre et en limitant les angles morts. La gestion du rythme et du suspense est toujours aussi bonne, même si j’imagine que cette construction très américaine du roman peut gêner certains tant elle semble artificielle.
J’ai aussi apprécié les thèmes abordés par les auteurs, même s’ils sont si nombreux qu’on a parfois du mal à comprendre de quoi ils veulent vraiment nous parler. Cela commence comme un roman sur la colonisation, la nouvelle frontière, l’impérialisme, le terrorisme, puis on bascule dans le thriller médical avec des organismes locaux qui menacent les colons, avant de revenir au coeur de la saga : la découverte de la technologie dont la proto-molécule est issue, et ses effets le destin de l’espèce humaine. Tout est plutôt bon, mais l’ensemble manque un peu de cohérence.
Enfin, j’ai beaucoup aimé l’épilogue, qui reprend un peu de recul par rapport au récit sur Ilus / New Terra et permet d’espérer une suite plus palpitante.
Mon impression après avoir refermé ce livre est donc mitigée : cela reste bon, mais à mes yeux ce n’est clairement pas du même niveau que les précédents volumes. Pour moi, c’est sans hésitation le moins bon des quatre premiers tomes de The Expanse. J’espère que le prochain, le cinquième de la série, saura m’émerveiller à nouveau.