Lorsque j'ai dit que j'avais commencé à lire "L'Ombre du vent" de l'écrivain espagnol Carlos Ruiz Zafón, nombreux ont été ceux qui m'ont dit qu'ils avaient adoré ce livre et qu'il y avait de fortes chances qu'il en soit de même pour moi. Le résumé en quatrième de couverture me laissait en tout cas espérer de belles choses :
Dans la Barcelone de l'après-guerre civile, par un matin brumeux de 1945, un homme emmène son petit garçon – Daniel Sempere, le narrateur – dans un lieu mystérieux du quartier gothique : le Cimetière des Livres Oubliés. L'enfant est ainsi convié par son père à un étrange rituel qui se transmet de génération en génération : il doit y « adopter » un volume parmi des centaines de milliers. Là, il rencontre le livre qui va changer le cours de sa vie et l'entraîner dans un labyrinthe d'aventures et de secrets « enterrés dans l'âme de la ville » : L'Ombre du vent.
Avec ce tableau historique, roman d'apprentissage évoquant les émois de l'adolescence, récit fantastique où les mystères s'emboîtent comme des poupées russes, Carlos Ruiz Zafón mêle inextricablement la littérature et la vie."
Je dois commencer par un aveu : je n'ai jamais été particulièrement attiré par l'Espagne et les pays latins en général. Toute mon histoire personnelle m'attire plutôt vers les pays germaniques ou nordiques. Même en littérature, j'ai toujours eu un penchant pour les auteurs scandinaves ou de langue allemande au détriment des écrivains italiens ou de la péninsule ibérique. Ceci explique sûrement pourquoi j'ai mis plusieurs années à me pencher sur les écrits – pourtant encensés par la critique – de Carlos Ruiz Zafón. Après voir lu ce roman, je dois de le reconnaître : il y a des pépites dans la littérature espagnole !
Le récit débute en 1945, lorsque Daniel Sempere, âgé de dix ans, accompagne son père, libraire, au Cimetière des Livres Oubliés. Là, il choisit et recueille "L'Ombre du vent", le dernier roman de Julián Carax, un écrivain autant oublié que ses livres. Fasciné par le roman et intrigué par l'histoire de son auteur, Daniel va progressivement mener l'enquête pour découvrir pourquoi et par qui la quasi-totalité des exemplaires des romans de Carax ont été détruits. Au fil de ses découvertes, il remarque d'étranges parallèles entre sa vie et celle du mystérieux écrivain.
En parallèle, Daniel grandit et traverse l'adolescence, entouré de son père et de ses amis. Nous suivons son évolution de 1945 à 1956, à la manière d'une saga familiale à laquelle se mêlerait une enquête policière. C'est aussi un roman initiatique, avec cet adolescent qui découvre l'amour, l'amitié, la vie avec ses affres et ses joies. C'est enfin un bel hommage à la littérature avec un parallèle très réussi entre la vie de Daniel, celle de l'écrivain Julián Carax et les bribes de ses romans. Les trois se mêlent parfois tellement que j'ai parfois eu du mal à retrouver à quel personnage appartenait telle histoire : un peu troublant, mais terriblement efficace pour brouiller les pistes !
Ce livre avait tout pour me plaire : un roman initiatique qui mêle la littérature et l'Histoire (dans cette trouble Espagne des années 40 et 50), comment pouvais-je y résister ? En tournant la dernière page ce matin dans le métro, je n'ai pu tirer qu'une seule conclusion, évidente : ce roman est excellent et très marquant. Je ne regrette absolument pas de lui avoir laissé sa chance ; au contraire, j'aurais regretté de ne pas l'avoir lu ! Il rejoint en tout cas le panthéon de mes romans préférés, pas très loin des meilleurs romans de Philippe Besson. De quoi me donner envie de poursuivre ma découverte des oeuvres de Carlos Ruiz Zafón, avec "Le jeu de l'ange" qui me tend les bras.